1999-2019 – 20 ans déjà d’un formidable conflit victorieux

L’annonce

En novembre 98, le PDG d’Elf, Ph. Jaffré, prétextant une baisse du baril à 10 $, annonce un plan « performance », visant à « redimensionner la société » et « reconcevoir » son fonctionnement. Leur verdict est un classique. Trop nombreux, trop chers, non compétitifs, inadaptés…. Le PDG d’Elf EP JL Vermeulen parle d’externalisations massives dans les activités supports. C’est un choc énorme dans l’entreprise. Les syndicats, dans l’unité mobilisent le personnel. L’emploi, le statut, les garanties collectives sont menacés.

 

Guerilla sociale

Pendant trois mois, le personnel va mener une véritable guérilla sociale avec grèves, AG et manifestations à Pau et Paris. Les élus locaux et la population sont alertés devant la menace de perdre 1000 emplois à Pau. Début 99, le plan se précise avec 1600 suppresion d’emplois dont 800 externalisations-licenciements. En mars 99, Jaffré annonce cyniquement devant les financiers de la City qu’il veut supprimer 2000 emplois dans l’EP pour doubler la rentabilité de l’action. Ce sont les premiers licenciements boursiers. Cela fait l’effet d’une bombe dans l’entreprise et la région. Le 12 avril, la grève reconductible est voté au CSTJF par plus de 1000 grévistes avec occupation de l’Alpha. A Paris également la grève est votée. Les travailleurs de Lacq votent également la grève 4 jours après.

 

A l’occasion des 20 ans de ce conflit, le CE de Pau organise du 25 au 28 juin une exposition au CE qui retrace cette grève unique.

 

La victoire

Le 5 juillet, Jaffré apprend que Total lance une OPE sur Elf. Il va tout tenter, en vain, pour sauver sa tête. L’espoir renaît chez les grévistes. Jaffré est conicé. Il a le feu dedans et dehors. Le samedi 24 juillet, Thébault, l’exécuteur de Jaffré convoque les syndicats aux Allées pour proposer une issue au conflit. En fait il annonce le retrait complet du plan. Une capitulation sans conditions sur toute la ligne, avec le paiement des jours de grève que nous avons exigé dans le protocole, compte tenu qu’il l’avait proposé 8 jours avant à 2 syndicats pour qu’ils acceptent le plan à peine modifié. Le lundi 26 juillet c’est l’explosion de joie avec cette victoire inespérée et 1000 grévistes qui votent la fin de la grève. Rien n’est jamais perdu d’avance fut la conclusion de ce formidable conflit.

 

Alpha occupé

Le 17 avril, sous la pluie, 12 000 personnes manifestent à Pau contre le plan Jaffré. L’occupation de l’Alpha s’organise. Elle va durer 106 jours. L’entreprise est paralysée. La Direction va jouer le pourissement avec de pseudo négociations qui vont durer des semaines. Les grévistes votent chaque jour en AG la reconduction du mouvement. Le 28 mai, l’AG des actionnaire à la Défense tourne court. Devant 1000 gévistes-actionnaires, Jaffré suspend l’AG au bout de trois minutes. Durant toutes ces semaines, les grévistes, avec une imagination sans borne ont mené des actions dans l’entreprise et à l’extérieur permettant de maintenir la pression sur la Direction. La mobilisation des élus locaux et de la population a été remarquable tout au long du conflit.

 

conflit 1999