One-Tech saison 2 : la peur du bide ?

ÉDITO

La saison 1 de One-Tech avait tenté de nous allécher avec un épisode pilote lancé à coup de bandes annonces retentissantes,d’interviews d’acteurs et d’actrices rendus extatiques par le projet. On allait en prendre plein les yeux. Hélas, l’indigence du scénario en a laissé plus d’un sur le carreau.

La saison 2 commence à peine et le feuilleton donne déjà des signes d’essoufflement.

Grosses ficelles, trame narrative cousue de fil blanc, montage bricolé, direction d’acteurs à vau l’eau, tous les ingrédients d’un flopsont réunis.

En regard du peu de moyens alloués à la préproduction, au repérage, aux équipes techniques, aux acteurs, etc…, sommes toutes assez éloignés des ambitions affichées, ce qui devait être une superproductiond’avant- garde risque bien de n’être qu’une pitoyable série Z destinée à l’oubli.

Le bide est-il écrit d’avance ? Une chose est sûre : pour qu’une œuvre rencontre son public, il faut qu’elle parle vrai.

On en est très loin…

 

Le 8 septembre, la direction de

l’établissement de Pau et du PERL organisait un petit raout anniversaire pour les un an de One- Tech ; café, mignardises et banda de mise. Un an après, y-a-t-il vraiment de quoi se réjouir?

La question posée avant la réorganisation reste toujours sans réponse satisfaisante : pour quelle raison One-tech a-t-elle été créée? Quels ont été les enjeux qui ont conduit à la filialisation du cœur de métier du Groupe? La communication institutionnelle a mis en avant la mutation de l’entreprise vers les énergies renouvelables, tout en déployant un discours décliniste qui soulève doutes et questionnement.

Géosciences citadelle assiégée

Touchées de plein fouet, les géosciences sont au centre de toutes les interrogations. Autrefois centre de gravité de l’ingénierie du groupe, elles ont vu leurs effectifs fondre peu à peu, puis massivement avec le plan de rupture conventionnelle

 

collective de 2021, les recrutements s’étioler jusqu’à devenir insignifiants, la gestion des métiers dérégulée au point de devenir une plateforme d’échange sans ligne directrice. A ceci s’est ajoutée une série de signaux faibles propre à alimenter toutes les projections alarmistes.

La parole de la pédégère elle- même n’invite pas à l’optimisme lorsqu’elle décourage les jeunes ou futurs diplômés à choisir les géosciences. Dans  son esprit, d’ici une quinzaine d’années elles feront partie de l’histoire, l’avenir industriel du Groupe s’inscrivant ailleurs.

Discours démobilisateur que les géoscientistes en poste ont reçu cinq sur cinq.

Discours qui provoque de l’incompréhension car bien des domaines d’activité de TotalEnergies relèvent encore et toujours de l’étude du sous-sol : le gaz, qui reste un axe de développement stratégique majeur du Groupe, le stockage de CO², la géothermie ou la recherche d’hydrogène natif, qui bien qu’écartés des plans peuvent très bien revenir sur le tapis si un financement public (dont le Groupe reste friand pour mieux les recycler en bénéfices privés…) devait les valoriser. Sans oublier que la pétrochimie, dont le mode de vie humain dépend tant, à besoin de pétrole comme matière première.

TRTG et ATCO sur la sellette

Au-delà du CSTJF, l’incertitude du lendemain saisit aussi les centres de recherche et laboratoires de Gonfreville (TRTG) et de Flandres (ATCO). La montée en puissance du CRES de Lyon et la mise en concurrence entre les deux sites n’enthousiasment pas les salariés du TRTG, loin de là. Les élus de la CGT ont lancé un droit d’alerte sur des risques psychosociaux (RPS) en Comité Santé Sécurité et Conditions de Travail, alertant par là-même l’inspection du travail.

Sur le site des Flandres, la perspective d’installation de centrales nucléaires EPR suite aux annonces Elyséennes en lieu et place de dépôts d’hydrocarbures a relancé les inquiétudes sur la pérennité des installations pétrolières.

Par bien des aspects, One- Tech apparait comme un instrument de rationalisation et de réduction de voilure.

 

Réorganisation GIC : masquer les trous dans le tapis

La réorganisation du département de la géophysique (GIC – Geophysics Imaging & Characterization) est symptomatique des conséquences des orientations stratégiques du Groupe.

En quelques années, c’est la troisième réorganisation que subissent les salariés de la structure, assez durement éprouvée par les réductions d’effectif et la mise à mal du savoir-faire.

Les élus du CSE de Pau ont lancé une expertise en juillet dernier et conduit pendant l’été une série d’entretiens pour recueillir le ressenti et les observations des salariés concernés.

La direction avait de son côté argumenté que cette « évolution de l’organisation » devait permettre de décloisonner certains domaines de compétence, de ré-équilibrer les effectifs entre chaque service et surtout de pallier le déficit d’attractivité que rencontrent plusieurs spécialités.

Au terme des entrevues, il ressort que la plupart des arguments visant à valoriser la réorganisation ne résistent pas à la consultation des salariés concernés. Certes, certains aspects sont vus sous un jour favorable, mais

l’ensemble ne semble pas apporter une amélioration décisive de l’existant. Plus encore, cette réorganisation semble destinée à masquer les manques inhérents au fonctionnement de One- Tech et des politiques de non- renouvellement des effectifs imposés par le haut-management. Elle apparaît comme un ajustement à une situation dégradée dont les ressorts se trouvent au-delà de l’entité GIC.

La faible attractivité, par exemple, concerne entre autres l’activité de traitement des données, laquelle nécessite des profils particuliers, portés sur l’algorithmique et le traitement du signal. C’est historiquement une porte d’entrée dans le groupe pour des jeunes ingénieurs et une affectation dans ce service peut être perçue comme un retour en arrière ou une mise en danger sur des aspects métiers hors des compétences du salarié.

La transversalité de la nouvelle organisation est elle-même remise en question. A la place de silos décriés dans l’ancienne, la nouvelle en crée de nouveaux. « On change juste la géométrie ». La réorganisation casse aussi certaines synergies de partage de savoir-faire qui pouvaient exister et étaient fonctionnelles.

Dans un contexte où les recrutements externes sont fortement contraints voire nuls, la mesure apparaît surtout comme une manière de pallier le déficit affiché de renouvellement des effectifs.

Loin de renforcer l’attractivité, elle élargit l’effet repoussoir de la structure. Le sentiment d’être confinés dans une réserve « d’indiens » vouée à décliner est assez présent.

Les élus ont exprimé leur réserve quant à l’atteinte effective des objectifs de cette réorganisation.

 

La CGT demande :

  • La reprise des embauches en nombre suffisant pour garantir la pérennité des spécialités geoscience, de la recherche et des laboratoires
  • L’arrêt de la facturation « à l’acte » et mise en place d’une imputation annualisée des services de One-Tech
  • l’arrêt de la relation client/fournisseur pour revenir à et développer une relation services centraux/opérations
  • La suppression des NP et la mise en place d’un statut de l’énergéticien propre à gérer carrières verticales (hiérarchiques), horizontales (expertise) et adaptées aux métiers du Groupe.
  • Le retour à une gestion régulée des mouvements en fonction des besoins des métiers.

Les ambitions du Groupe ne peuvent se passer d’un rayonnement scientifique et technique. Sans cela, il ne fait que renforcer l’image d’un groupe hors-sol, exclusivement tourné vers le maximisation du profit, bien loin des urgences climatiques et des attentes citoyennes.

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