Pandémie et crise économique : un cumul d’angoisses

Qui oserait crier aujourd’hui « Vive la crise ! » comme le fait Yves Montand en 1984 dans une émission télé au moment où le pouvoir socialiste franchit une étape décisive dans son parcours politique en initiant le « tournant de la rigueur » ?

Trente-six ans plus tard, les crises s’ajoutent, se multiplient et se démultiplient avec la crise sanitaire qui accélère stress, défiance et scepticisme dans la société française depuis la décennie 80. Le virus Sars-Cov-2 met à terre l’économie en mars 2020. Entre décembre 2019 et l’alerte des autorités chinoises et février 2020, le gouvernement ne prend pas réellement au sérieux les informations transmises ; en tout cas, pas au point d’analyser les signaux de propagation d’une épidémie représentant une menace pour la santé publique. Il ne vérifie pas (stock de masques et de médicaments dans les hôpitaux, stock de masques pour la population, il n’anticipe pas l’engorgement du système d’alerte (SAMU, 115). Le virus poursuit ses ravages et la commission d’enquête de l’Assemblée nationale son travail. Le 17 mars 2020, il décrète, faute de mieux, l’arrêt de la vie économique et sociale, version contemporaine de la fermeture des villes dans l’Europe ancienne et moderne lorsqu’il s’agissait de lutter contre la peste…

Le spectre d’une crise économique entrant dans sa logique propre, rôde

Crise sanitaire et crise économique marchent à l’amble durant les semaines de confinement où les comportements habituels de consommation sont modifiés par force.  Avec la sortie du confinement et les vacances d’été, les économistes proches du pouvoir évoquent une première « reprise » dans quelques secteurs dont le tourisme et la restauration. Cependant, l’épargne forcée du confinement n’est pas réinvestie dans le cycle économique et vient grossir l’épargne de précaution. De plus, tout le monde n’a pas épargné : environ 20 % des foyers n’ont pu le faire voire se sont endettés sur la période de mars à août. En clair, les inégalités économiques augmentent en France. Et les sources d’incertitude qui empêchent nombre d’entre nous d’agir et de réagir se multiplient : reprise de l’épidémie dès août 2020, deuxième vague qui devient réalité en octobre, augmentation du chômage, mesures gouvernementales de soutien aux entreprises, sans contreparties concernant l’environnement, l’emploi, le versement de dividendes aux actionnaires, fermetures d’entreprises, etc. Le spectre d’une crise économique entrant dans sa logique propre, rôde. Certains économistes évoquent 1929, la spirale de la récession qui devient dépression…

Incertitudes et détresse psychologique

Pendant ce temps, le néolibéralisme poursuit sa marche : OPA de Véolia sur Suez, projet Hercule refaisant surface, réforme des retraites revenant régulièrement sur l’agenda de l’Elysée, refus de taxer les hauts revenus, réforme de l’assurance chômage, coup de pouce fiscale aux entreprises. En gros, rien ne change.

Dans ce contexte anxiogène, au sein de l’entreprise, dans la cellule familiale, c’est la vie quotidienne de chacun.e qui est lourdement hypothéquée par un cumul d’incertitudes : vais-je aller au bureau ? Où y laisser mes affaires ? L’école va-t-elle fermer ? Mes parents âgés vont-ils mourir ? Si j’attrape la Covid-19, irai-je à l’hôpital ? Les rumeurs, les fausses informations qui circulent, l’incertitude face à l’avenir proche et lointain créent de la détresse. La contradiction entre ces questions, les attentes qu’elles génèrent d’une part et les signaux envoyés par la réalité gouvernementale d’autre part ne coïncident pas.

Dans ce contexte, la CGT réfléchit au « monde d’après » et fait 60 propositions pour sortir durablement de la crise sanitaire, sociale, économique et environnementale.

www.ugict.cgt.fr/articles/references/60propositions

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