#balancetonporc#
Fin septembre, 13 militants-es de la CGT CEA participaient à une formation contre les violences sexuelles commises au travail et assurée par l’AVFT (Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail). Des collègues grenoblois-es venaient d’être confronté-es à une situation de harcèlement sexuel et la question de la prise en charge des victimes méritait une formation.
Autant préciser tout de suite que si les femmes (et heureusement aussi quelques hommes) étaient convaincus que oui, c’est un sujet, dans cette entreprise « modèle » qu’est le CEA, en commençant cette formation il était difficile d’occulter la réaction d’un camarade de la CGT : « Pourquoi faire ? Je n’ai pas besoin de formation pour savoir comment me comporter dans ces situations. Gardez donc votre temps syndical pour faire de l’action dans d’autres entreprises où la violence sexiste est omniprésente, de la part de syndicalistes. » OK! C’est dit… au CEA, il n’y aurait pas de problème et dans notre syndicat non plus ? Oh là, pas si vite !
Témoigner et agir
Lors du tour de table de présentation, les femmes délient leur langue pour évoquer des situations dont le niveau de gravité varie. Plusieurs reconnaissent avoir subi qui une agression, qui du harcèlement sexuel et toutes des agissements et propos déplacés, de cadres dirigeants du CEA, ou de la part de collègues, pour certains militants de la CGT. Le plus étonnant dans cette prise de parole, c’est la capacité de déni et d’occultation de femmes qui ont tu des événements dégradants parce qu’elles voulaient les considérer comme insignifiants. Après des années de carrière, la mémoire fait son tri.
Mais est-il normal d’accepter des propos dégradants, des gestes à connotation sexuelle, des avances réitérées quotidiennement, même (ou surtout) de la part de militants de la CGT ?
Après cette formation riche en échanges, les participantes n’en étaient plus du tout certaines.
De retour au boulot, elles ont discuté de cette formation avec des collègues femmes et bien sûr toutes avaient beaucoup de choses à raconter. Elles ont décidé de libérer leur parole et de ne plus fermer les yeux sur les situations dont nous serions témoin.
#balancetonporc#.
Mourir sous des coups
On l’imagine bien protester pour les autres, les défendre en agitant le drapeau des droits. Mais elle, qui savait forcément qu’elle avait des droits, notamment celui d’être respectée, pourquoi n’a-t-elle pas pu ou pas su se faire entendre ?
Elle s’appelait Frédérique M.
Elle a été étranglée par son compagnon. Elle est morte à l’hôpital des suites de cette agression le 1er août dernier. Frédérique militait à la CGT Archives à Fontainebleau, elle était élue CHSCT…
« J’ai un ours à la maison » avait-elle dit à l’un de ses camarades. Certains évoquent l’emprise que cet homme exerçait sur elle. En tout cas, dans la nuit du 28 juillet, cette emprise s’est transformée en droit de donner la mort et Frédérique est devenue entre les mains de ce type une chose qu’il a disloquée et détruite.