A l’automne dernier, le gouvernement, fidèle à ses habitudes, s’est engagé avec inconséquence à contenir la hausse des tarifs régulés d’électricité en deçà de 4%. En pleine campagne présidentielle, engluée dans une promesse intenable, il décide de saborder EDF.
Une ineptie sur le plan économique et industriel
En décidant de relever le plafond de l’ARENh (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire historique) de 100à 120 TWh, le gouvernement impose à EDF de mettre désormais à disposition de sesconcurrents plus d’un tiers de sa production à un prix qui ne couvre même pas ses coûts de production. Même si le tarif du mégawattheure est rehaussé de quelques euros (46,2€/MWh au lieu des42€/MWh actuel), cette dernière
« manœuvre politicienne » va coûter à l’entreprise près de 8 milliards d’euros. Pour EDF, la charge est gigantesque puisque l’entreprise a déjà vendu l’essentiel de sa production pour 2022 et qu’elle a dû revoir sa prévision de production à la baisse de 30 TWh. Elle risque donc d’être dans l’incapacité de livrer lesTWh supplémentaires demandés, et de devoir les acheter sur le marché de gros à environ 300 €/MWh, pour les brader ensuite à 46,2€/MWh à ses concurrents !
Le gouvernement, à la manœuvre en tant qu’actionnaire majoritaire, a décidé de faire porter à EDF le financement de son bouclier tarifaire sur l’électricité au risque de mettre l’entreprise en péril, alors que l’urgence serait de financer le renouvellement et l’entretien du parc productif.
A qui profite le crime ?
Les fournisseurs alternatifs se frottent déjà les mains. Ils vont pouvoir se remplir les poches en bénéficiant d’un approvisionnement à un prix inférieur de plus de 70 % à celui du marché. Et cela sans aucunecontrepartie puisqu’ils n’ont aucune obligation de baisser les facturesd’électricité de leurs clients. Tout comme ils n’ont eu aucune obligationd’investir dans leurs propres moyens de production. Rappelons au passagequ’en 2010, lors de l’ouverture à la concurrence des marchés de l’énergie, lemécanisme de l’ARENh avait été instauré provisoirement pour permettre auxfournisseurs alternatifs de se mettre à niveau en termes de moyens deproduction. Plus de 12 ans se sont écoulés et ils n’ont rien fait. Ils n’ont pasinvesti dans le parc de production, ni assuré suffisamment le développement durenouvelable en dépit de subventions plus que généreuses.
Faire plier EDF, dernier vestige du service public : le fantasme à peine caché de l’Elysée et de Bruxelles
Depuis son passage au ministère de l’économie, le président Macron n’a de cesse que de vouloirmettre l’ensemble du parc nucléaire d’EDF à disposition des intérêts privés, tout en laissant les risqueset les coûts à la charge du service public. C’était d’ailleurs l’objectif principal du projet Hercule que lamobilisation des salariés a fait échouer.
Aujourd’hui ils reviennent par la fenêtre sous prétexte de contenir la flambée des prix. Cet appauvrissement imposé d’EDF au profit d’intérêts privés risque d’être lourd de conséquences. Il fait peser une menace sur toute la sécurité d’approvisionnement énergétique du pays.