La féminisation des métiers de l’industrie

Un enjeu majeur pour notre société et nos entreprises

ien que de nombreux métiers soient en tension dans l’industrie et peinent à trou- ver des travailleurs qualifiés, seuls 28,5 % sont occupés par des femmes (chiffres INSEE pour les métiers de l’industrie : mécanique, chaudronnerie, maintenance, électronique). Et en plus, elles sont moins de 20 % à occuper des postes de Direction.

Les stéréotypes ont la peau dure : dès le plus jeune âge, puis dans l’industrie !

Comment expliquer ce phénomène et faire évoluer cette situation qui pénalise les femmes ? Car cela prive tout un pan entier de l’activité économique de 50 % de la popula- tion en âge de travailler.

Dégenrer : dès l’école primaire et le collège

Le poids de l’histoire cantonne souvent les femmes en dehors des métiers de l’industrie, et cet état de fait joue contre l’égalité professionnelle et contre l’industrie elle- même. Mais pourquoi offre-t-on, encore aujourd’hui, des poupées aux filles et des petites voitures aux garçons ? Cette image, très caricaturale, reste pourtant une réalité des modes courants d’éducation, d’éveil des enfants dès le plus jeune âge. Et si, depuis des décennies, la mixité s’est imposée à l’école, le foot surtout pratiqué par les garçons à la récréation garde souvent la “place du lion” dans la cour de l’école. Mais l’enjeu n’est pas qu’à l’extérieur, car les activités dans la classe doivent également, et dès l’école primaire et le collège, se dégenrer, que ce soit l’éveil à la technologie, l’informatique, la cuisine ou la couture.

Les métiers de l’industrie payent plus mais souffrent toujours d’un déficit d’image

Et c’est vrai chez les jeunes en général, et chez les jeunes filles en particulier. L’idée préconçue que : « l’usine c’est sale, c’est dangereux et c’est dur physiquement », les conduit à penser que ce ne serait réservé qu’aux hommes. Mais d’autres freins persistent. Ainsi, des situations et comportements répréhensibles sont rencontrés pour des femmes en minorité dans des collectifs très masculinisés de travail. Par exemple, lors de l’accueil d’une nouvelle arrivée : bienveillance ou sexisme ? Ça dépend, et parfois apparaissent des situations de sexisme et même d’agressions sexuelles vis-à-vis de jeunes femmes, notamment des stagiaires. Et malheureusement, face à ces délits, les directions ne prennent pas les mesures qui s’imposent, que ce soit en termes d’information, de formation du personnel mais aussi de sanctions. Trop souvent encore, l’agressée disparaît et l’agresseur reste en place. Récemment, dans les IEG, un agresseur a ainsi reçu un blâme… puis obtenu une promotion 6 mois plus tard !

Les directions ne prennent pas les mesures qui s’imposent

Les métiers de l’industrie payent plus (+ 13 %) que les autres métiers (en dehors de la finance). Le salaire est plus élevé, et la rémunération globale intègre aussi des primes (astreintes, quarts…) qui profitent largement aux hommes dans la famille nucléaire. Ces meilleures rémunérations masculines contribuent à ce que ce soit plutôt lui, et non elle, l’épouse ou la compagne, qui garde un emploi à 100 % et non un temps partiel. D’autant que des biais inconscients existent dès l’embauche, où les jeunes femmes sont vues comme de futures mères et sont victimes d’apriori très défavorables.

L’orientation scolaire et Parcours Sup n’aident pas…

La mise en place de Parcours Sup a eu des conséquences néfastes sur la féminisation des écoles d’ingé- nieurs. Auparavant, beaucoup de lycéennes choisissaient

Pour une plus grande mixité dans les métiers de l’industrie, l’Ufict-CGT revendique :

  • que les employeurs recrutent massivement des jeunes femmes dans les centres de formation professionnelle
  • de revoir les processus de recrutement pour favoriser la diversité, la mixité (là aussi les stéréotypes, conscients ou inconscients, ont la vie dure !)
  • de lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans les collectifs de travail, par la formation et l‘information, en particulier quand ils sont très masculinisés.
  • de ne pas oublier de revaloriser les métiers du soin et du lien, pour une meilleure mixité dans le travail en général.

le bac C (maths-physique) dès l’année de première, et s’engageaient pour 2 ans dans cette orientation : une voie obligée pour s’ouvrir les portes des classes préparatoires aux grandes écoles.

– 22 % de femmes en écoles d’ingénieurs avec Parcours Sup

Désormais, en première, les lycéennes choisissent 3 options : maths, physique et une autre matière à vocation plus sociale. Mais une fois en terminale, elles conservent moins souvent que par le passé la paire maths-physique. Conséquence : depuis la mise en place de Parcours Sup la présence de jeunes femmes dans les écoles d’ingénieurs recule de 22 % !

Tous les diplômes doivent s’ouvrir aux jeunes lycéennes

Quelques secteurs industriels font exception, bien que les études supérieures soient très masculinisées : c’est le cas de la chimie. Par exemple, dans les centrales nucléaires, les services chimie sont les plus féminisés des services techniques. A contrario, dans les services chaudronnerie, mécanique, soudure, la part de femmes est très faible, quand elle n’est pas nulle, et il en est de même pour la sous-traitance.

Les métiers de l’industrie attirent peu, et si, en plus, ils sont fermés à la moitié de la population, cette situation ne peut qu’empirer !

Et si la féminisation des métiers de l’industrie contribuait à lutter contre les inégalités ?

Si les hommes continuent à rester très majoritaires dans les métiers de l’industrie, alors les femmes continueront à sacrifier leur carrière. Car étant moins rémunérées, les couples seront poussés à ce que la femme, devenue mère, prenne les congés parentaux puis un temps partiel…

avec des conséquences très pénalisantes pour elle : retard de carrière, effets sur l’âge de départ en retraite et sur le niveau de pension. Sans oublier qu’en cas de divorce (un couple sur deux), l’homme est toujours dans une situation financière plus favorable pour racheter le bien immobilier qui avait pourtant été acheté en commun…

Il est indispensable d’améliorer la visibilité des femmes dans l’industrie

La mixité est un atout dans les collectifs de travail et des pistes sont à explorer, comme développer des réseaux de femmes et de jeunes femmes qui travaillent dans l’industrie. Il faut aussi mettre en avant des modèles féminins, afin que chaque jeune femme, chaque femme, ait envie de se projeter dans les métiers de l’industrie, où, à compétences équivalentes, son salaire sera supérieur, avec des perspectives de carrière plus prometteuses.

La mixité est un atout dans les collectifs de travail

Car les métiers sont de plus en plus digitalisés, plus qualifiés et moins pénibles. Et tous ces emplois sont nécessaires pour assurer la transition énergétique, la dépollution, la transition numérique et les innovations en matière sanitaire.

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