La France mauvaise élève de l’Europe ?

La manque de reconnaissance du travail des salariés dans les entreprises françaises est flagrant

D’après une étude de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS), comparés à d’autres pays européens (Le Monde 15/9/2025) « Les résultats obtenus par la France dans le domaine du management sont médiocres ». Ce diagnostic intitulé « Qualité du travail, qualité de l’emploi : éléments de comparaisons internationales », a été demandé par le Ministère du travail afin de recenser les « bonnes pratiques » en Europe, pour servir de source d’inspiration au débat public français. Il a été réalisé après consultation des conseillers pour les affaires sociales des ambassades de France en Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Italie, Suède (couvrant aussi le Danemark), en y intégrant aussi la représentation permanente de la France auprès de l’Union Européenne. Les sujets concernent l’absentéisme, l’évolution de salaire, la mobilité géographique… et s’appuient aussi sur d’autres rapports IGAS.

Le manque de reconnaissance a un impact certain sur la santé des salariés

Le bonnet d’âne pour les entreprises françaises vient surtout du manque de reconnaissance du travail des salariés, beaucoup plus faible que dans d’autres pays, et de la formation des managers trop peu tournée vers la coopération.

Une formation des managers trop peu tournée vers la coopération

Les autres pays ont une définition relativement commune de ce que doit être un « bon management ». Ils la caractérisent par « un fort degré de participation des travailleurs » et une « reconnaissance du travail accompli ». Ce dernier critère est mesuré par l’autonomie des salariés, la clarté de leur rôle et la décentralisation de la prise de décision.

Pour les salariés, c’est la qualité de leur travail et leur santé qui sont en jeu. Car la qualité du management produit des effets « difficiles à mesurer sur la performance des entreprises, alors qu’elle détermine de façon sûre la santé des salariés, la qualité de l’emploi et la qualité du travail », explique le rapport. Le lien est clairement établi entre la qualité du management, la montée des risques psychosociaux (RPS) et la hausse de l’absentéisme de longue durée.

Mauvais management ==> augmentation des RPS et de l’absentéisme de longue durée

Si dans tous les pays observés il n’existe pas de « politique publique » ou de « cadrage » du management, en revanche certaines politiques l’influencent directement. Par exemple, l’Espagne autorise l’employeur à verser un bonus anti- absentéisme (une prime mensuelle pour ceux qui ont moins ou pas d’absence non justifiée). Et pour donner « des balises au management », l’Allemagne intègre la révolution numérique au dialogue social.

Former et accompagner les managers : une priorité !

En conclusion, l’étude IGAS recommande de poursuivre le débat en entreprise et de renforcer l’accompagnement des managers, avant de les placer « au centre de processus de transformation des organisations ». Le manager est, une fois encore, désigné, à tort ou à raison, comme un personnage providentiel.

Dans les entreprises françaises, et particulièrement dans celles de l’énergie, la priorité n’est pas la formation des managers, mais la personnalisation à outrance des questions de management et d’évaluation, avec une dérive de ces sujets vers la sphère personnelle. Enfin, la formation des managers n’est quasiment jamais abordée dans les négociations d’entreprise, et les modes de management ne sont jamais mis en débat, les directions d’entreprise en faisant leur chasse gardée. Les organisations syndicales ont pourtant un rôle certain à jouer, en faisant des propositions à partir de leur connaissance du monde du travail et des organisations… et tout le monde aurait à y gagner !

Réagir

Votre mail ne sera pas publié.