Le 1er mai : un jour férié comme les autres ?

Il a encore été attaqué par les forces conservatrices, appuyées par les médias, leurs relais serviles…

Si certains militent pour que les magasins puissent ouvrir ce jour-là, comme un di­ manche, en visant à terme sa suppression comme jour férié obligatoirement chômé, les réactions – légitimes – de rejet ont été una­nimes à gauche, tant du côté des organisa­tions syndicales que des partis politiques rétorquant, à juste titre, que le 1er mai est “sacré”

Mais pourquoi ce jour de l’année est-il donc « sacré »?

Le 1er mai n’est pas la “fête du travail”, pas plus que le 8 mars n’est la « journée de la femme ». Il n’est pas non plus la fête des travailleuses et des travailleurs, ou tout au moins, pas seulement.

Le 1er mai : la journée internationale des luttes sociales

Car c’est aussi, et surtout, la journée internationale de célé­bration et de commémoration des luttes sociales qui font qu’aujourd’hui en France, et pour partie dans le monde, les conditions de travail sont relativement décentes.

Chicago, 3 mai 1886, Haymarket Square

La police charge une manifestation en fa­veur de la journée de 8 heures. Bilan : un mort et une dizaine de blessés. Le lende­main, lors d’un rassemblement de riposte pacifique, une bombe explose… proba­blement lancée par des hommes à la solde des patrons. La police tire. 8 militants sont arrêtés, jugés, et tous seront condamnés à mort, sans preuve (quatre seront pendus).

Fourmies, 1er mai 1891

Depuis     1889,    l’internationale    socialiste a adopté le 1er mai comme journée inter­ nationale des travailleurs et des travail­leuses, en hommage au massacre amé­ ricain. A Fourmies, ville du Nord de la France, les manifestations en faveur de la journée de 8 heures doivent être pacifiques, l’ambiance fes­tive et un grand pique-nique collectif est prévu après la dis­ location. Mais plusieurs régiments sont envoyés sur place, et en soirée éclate une petite échauffourée, très mineure. La troupe tire, il y a 9 morts et 35 blessés. Neuf manifestants se­ront jugés et condamnés pour entrave à la liberté du travail, outrage et violence à agent et rébellion. Deux dirigeants ou­vriers seront jugés et condamnés à de lourdes peines pour provocation à attroupement armé.

Pour gagner des droits, la classe ouvrière a versé son sang

Pendus haut et court, couchés sur le pavé par les balles des fusils Lebel, les ouvriers ne faisaient que revendi­quer la journée de 8 heures. Alors pourquoi celles et ceux qui veulent faire du 1er mai un jour « comme les autres » ne retourneraient ils pas au XIXème siècle, antérieur à ces luttes ? Comme si elles « ne servaient à rien », ce qui est une ineptie, puisqu’à l’époque la journée de travail était de 12 heures (dans le meilleur des cas), sans congés, avec juste le dimanche pour aller à la messe. Pour gagner des droits, la classe ouvrière a versé son sang, et c’est pour cela que nous défilons chaque 1er mai…

Le 1er mai célèbre tous ces conquis sociaux

Il est légitime qu’il soit festif, comme devait l’être celui de 1891 à Fourmies. Et il doit aussi saluer la mémoire des cama­ rades qui ont versé leur sang pour ces conquis. Car quelles seraient les réactions des catholiques si Noël n’était plus chômé, puisqu’il y aurait des salarié-es volontaires pour travailler… et que nous n’aurions qu’à poser un jour de congé ou de RTT ?

Mais si le 1er mai est sacré, nous nous devons d’expliquer pourquoi, de rappe­ler l’histoire des luttes sociales. Il n’est ja­ mais trop tard pour le faire et reconquérir les esprits.

Réagir

Votre mail ne sera pas publié.