Le biométhane et les nouveaux gaz

Des innovations qui sont au service de la transition énergétique

Le biométhane, issu de la méthanisation de déchets organiques, représente la technologie de production de gaz renouvelable la plus mature. Cette technologie, vertueuse et prometteuse pour valoriser nos déchets et produire de l’énergie, offre une double opportunité : produire une énergie renouvelable tout en valorisant

les déchets au plus près des méthaniseurs. Par exemple la région Parisienne enfouit à elle seule 1 million de tonnes de déchets par an qui pourrait être transformés en biométhane. Cela éviterait la pollution des sols et verdirait les infrastructures gazières.

Le biométhane est la technologie de production de gaz renouvelable la plus mature

En France, la production de biométhane injecté dans les réseaux a atteint 8 TWh en 2022, soit une augmentation de 75 % par rapport à 2021. Ce sont désormais plus de 500 installations qui injectent du biométhane dans le réseau de gaz national. Et selon l’ADEME, le potentiel de production pour- rait atteindre 90 TWh par an d’ici 2050, soit environ 20 % de la consommation actuelle de gaz naturel.

500 installations injectent du biométhane dans le réseau de gaz national

Des objectifs ambitieux pour le biométhane

La Programmation Pluriannuelle de l’Energie vise à ce que 14 à 22 TWh de biométhane soient injectés d’ici 2028 dans les réseaux. Cette ambition témoigne du potentiel considérable de cette filière qui contribue à l’indépendance énergétique du pays, tout en créant des emplois locaux non délocalisables.

La CGT souligne l’importance de cette filière pour le développement local en relevant que la production de biométhane injecté dans les réseaux continue sa progression, en hausse de 93 % à mi-juin 2021 par rapport au premier semestre 2020.

La pyrogazéification et la gazéification hydrothermale

Basés sur des technologies émergentes, ces nouveaux gaz permettent de valoriser la biomasse lignocellulosique et les déchets non recyclables en gaz renouvelable. Ils offrent des perspectives intéressantes pour diversifier les sources de gaz renouvelables et valoriser des ressources jusqu’alors peu exploitées

La pyrogazéification, qui utilise des déchets solides, pour- rait, selon l’ADEME, peser 50 TWh en 2050. La gazéification hydrothermale, à partir de déchets humides, a un potentiel évalué à 20 TWh et offre des perspectives pour traiter les boues d’épuration et de dragage, ainsi que les déchets organiques humides.

Le power-to-gas fait le lien entre réseaux électriques et gaziers

Le power-to-gas consiste à transformer l’électricité excédentaire des énergies renouvelables, en hydrogène ou méthane de synthèse, et constitue une solution de stockage et de flexibilité pour le système énergétique. Le projet Jupiter 1000 à Fos-sur-Mer, opérationnel depuis 2020, est la première installation industrielle de ce type en France.

La CGT souligne l’importance de cette complémentarité qui permet : “le lissage des pics de productions électriques d’origine renouvelable (éolien et photovoltaïque), en transformant l’énergie électrique en Hydrogène.”

Ces gaz du futur sont complémentaires à l’électricité pour décarboner des secteurs difficiles à électrifier.

Une complémentarité essentielle avec l’électricité

Les gaz du futur ne s’opposent pas à l’électricité, mais, au contraire, la complètent. Car avec l’électricité renouvelable qui gagne du terrain, ils offrent des solutions pour le stockage, le chauffage et la mobilité lourde. Cette complémentarité est essentielle pour assurer la stabilité et la résilience de notre système énergétique.

La CGT insiste sur ce point dans le livret PPE Gaz qui met noir sur blanc des propositions concrètes pour un avenir à l’empreinte carbone maîtrisée, par l’exploitation de toutes les sources disponibles sur le territoire : “Ces énergies restent complémentaires et indissociables.”

Les gaz du futur ne s’opposent pas à l’électricité, mais, au contraire, la complètent

Décarbonation des secteurs difficiles à électrifier

Car certains secteurs industriels, comme la sidérurgie ou la chimie, seront difficiles à électrifier. Les gaz du futur, en particulier l’hydrogène, offrent des alternatives crédibles pour décarboner ces industries, certes énergivores, mais souvent essentielles aux populations.

Selon le Conseil National de l’Hydrogène, la demande en hydrogène renouvelable pourrait atteindre 1,4 million de tonnes par an en France d’ici 2030.

Des impacts sociaux et environnementaux

Avec ces gaz du futur ce sont des emplois locaux, du développement territorial, des émissions de gaz à effet de serre qui sont réduites. Selon l’ADEME, la filière pourrait créer jusqu’à 60 000 emplois directs et indirects en France d’ici 2030. La CGT s’appuie sur la chaîne énergétique globale vertueuse des gaz renouvelables, construite et exploitée localement, avec ces nombreux emplois locaux créés, sans besoin de ressources extraites à l’autre bout du monde.

En se substituant progressivement au gaz naturel fossile, les gaz renouvelables contribuent significativement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le biométhane, par exemple, permet de valoriser le méthane qui serait naturellement émis par la décomposition des déchets organiques. Rappelons que le méthane a un effet de réchauffement 28 fois plus élevé que le CO2 par unité de masse sur une période de 100 ans.

Mais les gaz renouvelables soulèvent aussi d’autres défis environnementaux. C’est pourquoi il faut encadrer la production de biométhane pour éviter qu’ils ne concurrencent les cultures alimentaires, sans oublier que la production d’hydrogène vert nécessite de grandes quantités d’électricité renouvelable.

Encadrer la production de biométhane pour éviter

la concurrence avec les cultures alimentaires

La Commission de Régulation de l’Energie (CRE) insiste sur l’importance d’un encadrement strict, pour assurer la durabilité de la filière. La CGT appelle à une approche globale et performante pour atteindre la neutralité carbone et l’autosuffisance en gaz renouvelables et hydrogène.

Les acteurs gaziers historiques jouent un rôle crucial dans le développement des gaz du futur

ENGIE investit massivement dans la recherche et le développement, notamment pour l’hydrogène et le biométhane. GRDF et GRTgaz adaptent les infrastructures existantes pour accueillir les gaz renouvelables. Toutefois la CGT appelle à prioriser l’intérêt général et met en garde contre une ap- proche purement financière. Sans oublier aussi que des obstacles persistent, notamment des difficultés politiques pour le raccordement des collectivités aux nouveaux gaz verts. Cela freine la redynamisation du secteur des chaudières et la production d’eau chaude au gaz. La réglementation RE2020 impacte de nombreuses filières et menace des emplois en mettant fin au développement du gaz sans faire de distinction entre gaz fossile et gaz vert.

La CGT affirme que la filière gazière est en mutation et restera essentielle dans le mix énergétique futur. Elle est pleine- ment engagée pour faire évoluer la législation.

Vers un nouvel âge d’or du gaz ?

Par leur flexibilité et la résilience du système énergétique, les gaz du futur sont des acteurs incontournables de la transition énergétique française. Mais leur développement à grande échelle nécessite des investissements massifs et un cadre réglementaire adapté. La gouvernance du secteur, entre logique de marché et service public, reste un enjeu majeur.

La CGT plaide pour un retour à un service public de l’énergie, incluant le gaz, et propose la création d’un EPIC du gaz pour s’affranchir des logiques de marché et optimiser la gestion du gaz naturel.

Créer un EPIC du gaz pour revenir à un service public de l’énergie

L’avenir énergétique de la France se dessine aujourd’hui, et les gaz du futur y joueront un rôle central. Il est crucial de saisir cette opportunité pour construire un système énergétique répondant aux défis du XXIème siècle, tout en assurant une transition juste et bénéfique pour tous.

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