Le discours combatif et apprecié de Sophie Binet

Face à ce danger, elle met en garde : « Le parti démocrate américain, comme beaucoup de partis politiques, y compris en France, pense que l’on peut gagner contre l’extrême droite simplement en se faisant le défenseur de la démocratie. Eh bien non, ça ne suffit pas, ça ne suffit plus ». Et de marteler : « C’est quand on déserte le terrain social que le champ est laissé à l’extrême droite ».

Se faire le défenseur de la démocratie face à

l’extrême droite : ça ne suffit pas, ça ne suffit plus ! Elle appelle la CGT à construire des alternatives concrètes, porteuses d’espoir et d’émancipation : « en redonnant prise sur le réel ». C’est ainsi que nous pourrons opposer une riposte sociale à la stratégie du choc et à cette résignation organisée.

Donner la parole aux ICTAM

Sophie a également insisté sur l’enjeu stratégique que représente l’organisation des ingénieurs, cadres, techniciens et agents de maîtrise (ICTAM) : « Ils représentent désormais 50 % du salariat ». Et elle met en garde : « Si on ne les organise pas, d’autres le feront à notre place, avec  une  logique  de  syndicalisme  catégoriel,  comme la CFE-CGC ».

Sophie Binet résume l’extrême droite comme : « Le pire ennemi des travailleuses et des travailleurs » et : « Le parti des milliardaires ». Elle dénonce ces fossoyeurs, comme Trump et Bardella, qui veulent : « supprimer les syndicats, briser le mouvement social, attaquer la presse, les scientifiques, les artistes, les intellectuels ».

Mais elle tire aussi la sonnette d’alarme sur les responsabilités des politiques libérales menées en France, car chaque année, nous jetons par les fenêtres « 200 Mds € d’aides aux entreprises, sans condition, ni contrepartie ! », qu’elle qualifie de « politique du carnet de chèques » qui renforce le déclassement social, creuse les inégalités et nourrit la désespérance, dont l’extrême droite se nourrit.

Les ICTAM « représentent désormais 50 % du salariat : c’est un enjeu stratégique

Elle défend un syndicalisme spécifique, basé sur l’écoute et l’autonomie des ICTAM. « Nous refusons le délégataire, nous ne portons pas un syndicalisme qui fasse, ou parle au nom des ICTAM ». Et d’ajouter : « On ne construit pas un syndicalisme de classe en gommant les différences, mais en les prenant en compte pour construire des convergences ».

Elle critique l’attitude de certaines organisations qui ignorent la parole des ICTAM : « Trop souvent, on pense qu’on peut parler au nom des ICTAM, sans leur laisser l’espace pour s’exprimer eux-mêmes ». Pour elle, c’est un contresens : « Ce qu’ils attendent, ce n’est pas qu’on leur traduise leurs propres revendications, c’est qu’on leur donne les moyens de les formuler, de les partager, de les porter collectivement ».

Créer ces espaces d’expression et d’action, c’est le rôle d’une organisation spécifique dans la CGT, et c’est aussi une condition d’efficacité : « Partout où l’on articule spécifique et généraliste, la CGT progresse ».

Loin d’une logique de repli ou de division, il s’agit au contraire, pour Sophie, de renforcer la CGT en étant au plus près des réalités vécues par toutes les catégories de salariés. Organiser les ICTAM, c’est se donner les moyens d’un syndicalisme plus fort, plus crédible et plus influent. Un syndicalisme capable de répondre aux enjeux de notre époque, de faire progresser les droits, et de faire barrage à toutes les forces qui voudraient diviser le monde du travail.

Renforcer nos réseaux à l’international

Comme à chaque congrès, une journée entière est dédiée à des échanges avec des délégations étrangères.

45 délégués, venus de 20 pays, ainsi que 8 représentants d’organisations aux- quelles nous sommes affiliés, nous ont fait l’honneur de leur présence, afin de mettre en lumière les grands défis mondiaux auxquels nous avons à faire face : la démocratie, la répression syndicale, les enjeux sociaux et environnementaux qui transcendent les frontières et ce, dans une perspective de trans- formation profonde de nos sociétés.

Car, dans un contexte où les attaques contre les libertés syndicales se multiplient, où la précarisation du travail s’accroît, et où l’urgence climatique impose des transformations majeures, il est essentiel de renforcer nos liens à l’international.

Les échanges ont réaffirmé l’importance d’actions collectives continues, englobant la défense des travailleurs du secteur énergétique dans une lutte plus large, afin d’imposer une économie régulée et respectueuse des droits humains. Car la multiplication des statuts précaires, l’ex- ternalisation et la délocalisation nécessitent une réponse collective, en intégrant pleinement les comités d’entre- prise européens (CEE) et en renforçant notre présence au sein des structures syndicales internationales.

Statuts précaires, externalisations, délocalisations nécessitent des actions collectives continues

Il est urgent de gagner un cadre juridique contraignant qui impose aux multinationales une responsabilité de protection des travailleurs et de l’environnement, sur toute la chaîne de valeur. Et un syndicalisme de terrain, combiné à des interventions internationales, sont cruciaux pour garantir une transition énergétique juste.

Notre congrès a affirmé la nécessité d’une activité inter- nationale fondée sur une feuille de route claire, un engagement à porter des luttes communes, à partager les expériences et à structurer une solidarité active, pour répondre aux défis des travailleurs et renforcer nos alliances mondiales.

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