Négociations – Arrêtons le jeu de dupes !

Les employeurs se sont passés le mot : ils mènent des négociations au pas de course sur le télétravail, le droit à la déconnexion, l’organisation du travail et la flexibilité des horaires. Pourquoi un tel empressement pour obtenir des accords sur des sujets dont les enjeux sont si importants pour le futur des salarié.e.s ? Si ce n’est pour enclencher tambour battant le recul social, détricoter les acquis, utiliser ces “outils” pour accélérer la “transformation” et changer profondément les modes de management. C’est d’ailleurs inscrit dans le préambule de ces accords où ils dévoilent leurs véritables intentions !

 

Alors que la trêve estivale, bien méritée, arrive pour tous les salarié.e.s sous le signe d’une liberté retrouvée, les employeurs précipitent les négociations en cours pour obtenir par endroit des accords durant l’été.

Si les projets présentés étaient à la hauteur et permettaient d’assurer des garanties de conditions de travail de qualité, il n’y aurait rien à redire. Mais ce n’est évidemment pas le cas ! Personne n’a oublié que le télétravail “contraint” et l’engagement des salarié.e.s ont permis aux grandes entreprises de poursuivre leur activité et de réaliser des gains financiers considérables…

Non seulement les propositions des employeurs sont pour le moins minimalistes, mais ils s’obstinent à vouloir englober dans les mêmes négociations des thèmes aussi essentiels que le télétravail et l’organisation du travail, en passant par le droit à la déconnexion… Chacun de ces sujets mériterait au contraire d’être traité et préparé avec méthode pour que les organisations syndicales puissent les enrichir de leurs propositions et du vécu des salarié.e.s.

 

Quelle urgence y a-t-il à boucler si rapidement ?

Certes, les adaptations temporaires négociées pendant la crise sanitaire pour obtenir un cadre réglementaire et des mesures adaptées à la situation prennent fin, mais elles pourraient être prorogées sans problème si l’on voulait bien se donner le temps de la réflexion et de la concertation. Certes, la grande majorité des salarié.e.ssouhaite continuer à télétravailler à la rentrée et en connaître les conditions, afin de pouvoir s’organiser. Mais est-ce que cela implique d’accepter n’importe quoi ?

Cette obstination à vouloir avancer à marche forcée n’a aucune autre ambition que d’arracher des accords minimalistes et de cantonner les organisations syndicales à un rôle de simple spectateur, privant ainsi les salarié.e.s de leur droit de se positionner de façon éclairée et sereine sur l’avenir de leurs conditions de travail.

Ainsi, sous couvert de répondre aux attentes des salarié.e.s en matière de télétravail, les employeurs bâclent les négociations. Insidieusement, ils en profitent pour glisser dans ces accords, “fourre-tout”, des dégradations profondes des conditions de travail : individualisation de la relation au travail, flexibilité à tout va, perte de lisibilité pour leur propre organisation de vie, vu le peu de cadrage et de formalisme proposé. Pour quelques jours de travail exercés à domicile, les salarié.e.s s’exposeraient à des reculs massifs de leurs droits : s’ils imaginent plus de bien-être et d’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle avec le télétravail, c’est le contraire que leur préparent les employeurs !

Ces négociations au pas de course nous contraignent et nous empêchent de discuter des risques éventuels avec les salarié.e.s concerné.e.s. Par ce biais, les employeurs voudraient faire porter la responsabilité d’un échec de l’accord sur les syndicats, alors que ce sont bien les employeurs, et eux seuls, qui définissent les modalités et le calendrier de cette négociation. Ils devraient pourtant savoir que, jamais nous ne signerons n’importe quoi sous prétexte d’aller vite. Il en va de notre crédibilité, mais surtout des conditions de travail et de vie de milliers de salarié.e.s qui seraient impacté.e.s par un accord rétrograde.

Les accords, tels qu’ils sont prévus aujourd’hui, prévoient de renvoyer de nombreuses responsabilités vers les managers, arbitrairement, et sous prétexte de leur donner des “marges de manœuvre”… Ceux-ci paient déjà depuis le début de cette crise un lourd tribut par une augmentation de leur charge de travail qui envahit de plus en plus leur sphère privée, sans aucune négociation d’ailleurs sur leur niveau de classification.

Comme toujours, notre volonté est de négocier des nouvelles modalités de travail ambitieuses et protectrices, de faire des propositions qui répondent à vos besoins en s’appuyant sur votre vécu. Il faut pour cela avoir le temps de vous informer et de vous rencontrer. Les employeurs l’ont bien compris et remplacent donc leur sempiternel “dialogue social” par un monologue anti-social, au seul bénéfice de leurs intérêts propres.

 

Nous prenons nos responsabilités tout au long du processus et nous donnerons clairement notre analyse sur tous ces projets. En vous rapprochant de vos représentants Ufict-CGT, vous pouvez peser efficacement sur ces négociations !

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