Négociations TAUTEM à ENEDIS

La notion de négociation s’appauvrit dangereusement…

Depuis plusieurs années, l’entreprise vit au rythme de ses « transformations ». Les négociations TAUTEM (Travaillons Autrement et Transformons Ensemble nos Modes de Management) sont la parfaite illustration du changement de méthode des directions et du déclin progressif des contenus d’accords d’entreprises.

Des éléments de langage répétés à l’envi

« Volonté d’aboutir à des accords ambitieux », « stimuler l’engagement des collaborateurs », « progrès »… ces vernis de com aboutissent à un résultat qui est loin d’être à la hauteur des enjeux. ENEDIS s’autocongratule de la richesse d’un pseudo dialogue social dans l’entreprise.

ENEDIS s’autocongratule de la richesse d’un pseudo dialogue social

Le cadre des négos est un cumul de plusieurs thèmes dans la même séance : travail à distance (TAD) / prise de travail sur chantier / droit à la déconnexion / souplesse horaire ! Pourtant, par le passé, un accord de méthode fixait le cadencement des sujets étalé sur plusieurs sessions, avec du temps accordé aux négociateurs, des crédits d’heures complémentaires de détachement pour des réunions d’information du personnel…

La densité des discussions amène la direction à être hors sujet dans les débats

Un exemple flagrant concerne le droit à la déconnexion. ENEDIS considère en effet que s’afficher sur TEAMS en « Ne pas déranger », est une bonne idée, et serait à intégrer dans un projet d’accord…

Pour les employeurs « Déconnexion » est synonyme de « Travailler quand on veut »

Si les dirigeants affirment beaucoup écouter, au final ils ne retiennent rien : c’est une véritable parodie de négociation face à des employeurs qui assimilent la déconnexion à une possibilité de travailler quand on veut !

Sur le lot Travail A Distance : des augmentations financières de misère

Un gros point de crispation concerne la revendication CGT de revaloriser à 5 € l’indemnité journalière de frais de repas à domicile. Cela a été balayé d’un revers de main alors que nos arguments sont justifiés sources à l’appui. Par exemple l’inflation moyenne de la surprime catastrophe naturelle a bondi de 12 à 20 % (en raison de la multiplication d’événements climatiques avec impact sinistre), et depuis le 1er janvier 2025 cette hausse affecte tous les contrats d’assurance habitation. Mais la direction ne veut pas supporter cet effort supplémentaire. Pour elle, augmenter l’indemnité TAD de 2 € à 2,10 € est largement suffisant.

Avec le télétravail ENEDIS économise des millions d’€ sur les frais de repas

C’est bien loin d’une mesure d’équité vis-à-vis des agents présents sur site, qui bénéficient de la subvention employeur ! ENEDIS s’en dédouane systématiquement, répétant à l’envi que le télétravail repose sur le volontariat, et qu’il n’y a pas lieu de faire évoluer le dispositif ! Fort de café pour une entreprise qui a économisé plus de 61 millions d’€ sur les frais de repas et de formation pendant le COVID !

Frais d’équipement à domicile : pas de réévaluation

La CGT revendique de pouvoir bénéficier d’un marché cadre sur les écrans-claviers-souris pour de potentielles économies pour toutes les parties. Mais le remboursement reste au même niveau : 50 % des frais engagés pour 150 € maximum. Et ENEDIS préfère faire de la pub pour son dispositif « réemploi » : une sorte de bourse en ligne d’équipements d’entreprise, sans aucune étude d’ergonomie. Comble de l’ironie, rien n’était disponible lors d’un test en direct de la négociation…

Aucune transparence sur les projets d’équipe

Ces PCFE définissent notamment les jours de présence sur site, le volume de TAD dans chaque collectif de travail. Et si l’accord réaffirme la présence minimale des 2 jours sur site, la direction refuse systématiquement tout contrôle social, prétextant laisser des marges de manœuvres au management local (les agents en réduction collective du temps de travail (RCTT) n’ont qu’un jour télétravaillé en TAD). Les managers gèrent, tant bien que mal, et sans accompagnement, une organisation qui a été mise en place pendant le COVID.

La gestion de ces projets d’équipe reste donc une « chasse gardée » des directions ! Mais des dysfonctionnements récurrents remontent régulièrement : par exemple le TAD qui devient une variable d’ajustement de la reconnaissance, ou qui couvre des arrêts maladie non-déclarés. Depuis le déménagement du siège ENEDIS (environ 1 100 salariés), avec passage en flex office en 2024, le taux de présence des cadres les mardis/jeudis pose question à la direction…

Les propositions et revendications CGT… depuis 4 ans :

  • Définir une limite horaire sur les serveurs de messagerie au-delà de laquelle il est impossible d’envoyer des mails (plusieurs grandes entreprises le font déjà).
  • Mettre en place un système de stockage des mails pendant les congés ou absences longues, avec transfert vers un autre collègue identifié comme binôme, pour se relayer durant une période définie à l’avance.
  • Des fenêtres pop-up d’alerte.
  • Obligation de porter les modalités de droit à la déconnexion dans chaque projet d’équipe (PCFE).
  • Un indicateur de suivi des plages de connexion aux différents SI pour avoir une vision globale sur l’utilisation des outils numériques, et sur leurs impacts sur les conditions de travail.
  • Réduire le temps de connexion au SI en déconnectant automatiquement les utilisateurs au bout d’un temps inactif pour d’identifier des dérives (hyper connexion), et vérifier le bon fonctionnement des SI, et son adéquation avec les besoins des utilisateurs.

Visiblement certains avouent avoir « profité » du manque de cadrage des projets d’équipe pour éviter de venir… D’où la pertinence de la campagne Ufict sur ce thème, qui met le doigt sur les gains financiers immobiliers au détriment des conditions de travail !

Le TAD devient une variable d’ajustement de la reconnaissance

Sur la formation des managers, hormis un petit encart dans l’accord, toujours rien de concret, ce qui laisse reposer l’essentiel de l’organisation hybride sur leurs épaules.

Que négocier alors avec des dirigeants qui n’ont aucune ambition d’aller plus loin que l’ancien accord ? C’est presque un copié/collé de la version 2021, avec uniquement le rajout d’actions de sensibilisation… La direction n’a même pas pris la peine de relire nos revendications ! Face à ce manque d’écoute et cet immobilisme, notre délégation a coupé court aux discussions !

Cet accord symbolise la pauvreté du dialogue social à ENEDIS

Les indicateurs de présence des négociateurs semblent compter bien plus que l’intelligence et la construction collective. Les projets portés par la délégation employeur ne sont que des « coquilles vides ». ENEDIS préfère déporter l’entièreté des responsabilités sur les agents en proposant ses « fiches pratiques ». Et le pompon est atteint quand ils mettent systématiquement en avant un supposé souhait de « souplesse horaire totale » pour les cadres au forfait jours… avec, en contrepartie, une loyauté totale à l’entreprise, synonyme de sacrifice des conditions de travail : temps de travail, régulation de la charge, perte du collectif (quand il en reste)

Toutes les propositions CGT (voir encadré) ont été refusées… ce qui confirme bien que les directions ne veulent pas que ces accords soient des outils au service des salariés !

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