Transformer l’écho perçu en ancrage, même si notre implantation est encore fragile
ors de la table ronde consacrée à la vie syndicale, Virginie Gonzales, Secrétaire Générale de l’Ufict-CGT Mines Énergie, a dressé un constat lucide. Sans minimiser les avancées ni les outils développés ces dernières années, son constat est clair :
« L’ancrage durable de l’activité syndicale auprès des ICTAM reste un défi majeur. Au-delà des contacts de terrain, nécessaires, il est indispensable de les organiser pour faire valoir leurs revendications propres. […] Si tous nos travaux font écho aux préoccupations des ingénieurs, cadres, techniciens et agents de maîtrise, ce n’est pas suffisant pour renforcer la CGT, car cela ne se traduit pas, encore, par une syndicalisation significative, ni par une progression de notre audience aux élections », a-t-elle reconnu d’emblée. Bien que, dans les Industries Électriques et Gazières (IEG), la CGT parvienne à se maintenir dans le collège cadres, sa position demeure fragile, et chez les techniciens et agents de maîtrise, la tendance est plus préoccupante, car une part croissante de ces salariés se tournent vers la CFE-CGC, perçue comme plus crédible pour prendre en compte leurs difficultés.
Construire une présence syndicale durable
Ce basculement, selon Virginie, interpelle profondément la capacité du syndicalisme CGT à s’inscrire dans le quo- tidien professionnel de ces catégories. « Trop souvent, notre activité spécifique repose sur des temps forts : élections, réformes, campagnes revendicatives. Mais elle peine à structurer une vie syndicale pérenne, régulière, intégrée dans les lieux de travail ».
Si ces campagnes restent utiles, elles ne suffisent pas à créer des repères, de la proximité et des espaces d’échanges, pourtant indispensables à une organisation vivante.
Pour l’Ufict-CGT, le défi est désormais de transformer notre capacité à interpeller, en capacité à organiser. Cela passe par un soutien renforcé aux militants ICTAM, la relance de sections spécifiques, mais aussi expérimenter des formats d’engagement mieux adaptés aux réalités de ces salariés, qui sont souvent soumis à des rythmes et des pressions considérables.
Transformer notre capacité à interpeller, en capacité à organiser
Au-delà de la structuration, l’enjeu est d’organiser les ICTAM
Ce n’est pas que répondre à une catégorie, mais c’est ré- pondre à une transformation du salariat lui-même. Car le monde du travail évolue fortement avec l’intensification des responsabilités, l’affaiblissement des collectifs, le brouillage des repères… Face à cela, il s’agit de faire vivre un syndicalisme qui parte du réel, un syndicalisme de classe qui parle à toutes et tous, à partir de leurs expériences concrètes. Et ce, malgré la diversité des statuts, des fonctions, car ces attentes sont largement partagées : reconnaissance, amélioration des conditions de tra-vail, sens, liberté d’expression… quel que soit le collège d’appartenance.
« Nous sommes forts d’outils, d’idées, d’expériences… Ce qu’il nous faut construire, collectivement, c’est la régularité, la pré- sence, la continuité. Nous devons donc nous donner les moyens d’être visibles, accessibles et identifiés comme une référence incontournable pour les ICT », a conclu Virginie Gonzales.
Devenir la référence pour les ICT, par notre collectif, présence, visibilité
Une conclusion qui sonne comme un appel à faire évoluer les pratiques et à ne pas sous-estimer l’enjeu stratégique que représente une activité spécifique stable, visible et crédible. Pas seulement que pour les ICTAM, mais pour toute la CGT, afin qu’elle continue de parler à toutes les catégories de salariés et de leur réalité au travail.