Deux tranches sur les six prévues seront construites dans la plaine de l’Ain
En 2022, Emmanuel Macron a relancé la filière nucléaire en France en annonçant sa volonté de lancer la construction de 6 EPR2 (réacteurs à eau pressurisée de 3ème génération) sur 3 sites de centrales existantes : Penly, Gravelines et Bugey. Pour chacun de ces trois projets, les deux maîtrises d’ouvrage, EDF et RTE ont saisi la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) pour organiser, pendant 5 mois, une série de 6 réunions publiques.
A Penly et Gravelines, les débats publics sont achevés, et en septembre 2024 Penly a obtenu l’autorisation de lancer les travaux préparatoires. Les réunions concernant l’Ain se sont tenues de janvier à mai 2025 dans l’Ain, le Rhône et l’Isère. Elles sont ouvertes à tous, après inscription, afin de présenter le projet et le soumettre aux questions de la population.
Un débat public : c’est quoi?
C’est une procédure qui permet la participation de tous au processus d’élaboration d’une politique publique, ou d’un projet à forts enjeux socio-économiques ou environne mentaux. C’est un dispositif de démocratie participative et délibérative en amont des décisions.
Par exemple, le projet dans l’Ain (Rhônergia), de barrage sur le Rhône, dont l’exploitation aurait pu revenir à la Compagnie Nationale du Rhône, a été abandonné le 4 septembre 2024, à la suite des échanges et études préalables au débat public.
Le débat public, un outil de démocratie participative
D’ici l’été, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) devrait définir, pour dix ans, la trajectoire permet tant aux filières énergétiques d’atteindre la neutralité carbone en 2050. La PPE est associée à la stratégie nationale bas carbone (SNBC) et au plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC).
Un programme d’ampleur pour ces EPR 2 de la plaine de l’Ain
Le lancement des travaux préparatoires aura lieu à l’automne 2027, avec un pic attendu en 2035 concernant le nombre de salariés sur le chantier : 8 000 personnes, pour un démarrage du réacteur prévu pour 2040.
Ces effectifs s’ajouteront aux salariés déjà présents en permanence sur le CNPE Bugey : 1 250 agents EDF, aux côtés de 500 à 2 000 prestataires en permanence, du fait du programme d’ampleur de rénovation des installations nucléaires (grand carénage), pour des tranches en exploitation depuis la fin des années 1970.
Maximiser les bénéfices du chantier et minimiser les nuisances
Face à l’ampleur d’un tel projet EPR2, les priorités du débat public sont d’anticiper les actions à mener afin de maximiser les bénéfices pour le territoire, minimiser les nuisances du chantier, tout en associant au maximum les acteurs locaux. Le défi est de répondre aux besoins du chantier, sans trop impacter ce qui est externe au chantier. Et les solutions retenues doivent intégrer l’après chantier, comme pour tous les projets d’envergure (comme pour les Jeux Olympiques).
Le territoire est passé à la loupe
En amont du débat public, un portrait du territoire exa mine les périmètres sur lesquels faire les analyses. Un premier périmètre (inférieur à 30 mn) concerne les trajets routiers, avec Ambérieu comme polarité centrale (gare et autoroute). Puis un second périmètre (entre 30 et 60 mn de trajet), jusqu’à Bourg en Bresse et Lyon, couvre notamment de potentielles embauches de toutes sortes : ceux en recherche d’emploi, ceux sans permis de conduire (à l’Est de Lyon)… Au-delà de ces 2 périmètres, on parle de « grands déplacés » : des travailleurs ne résidant pas suffisamment près du chantier et qui auront donc besoin d’un logement.
Des flux de mobilité déjà tendus
L’étude des flux de mobilité montre déjà que la situation est très tendue, alors que le chantier n’est pas commencé ! Des points de congestion sont identifiés et des solutions avancées : construction d’un pont supplémentaire sur le Rhône, élargissement des routes et des ponts existants, création d’un parking déporté avec des norias de navettes pour rejoindre le site, construction de voies ferrées, créa tion d’une ligne de tram… Il va donc falloir faire preuve d’imagination, et ne pas lésiner sur les investissements car le Rhône n’étant pas navigable en amont de Lyon, cela po sera des problèmes pour le transport des gros matériels et matériaux (gravats, acier, composants…).
Rhône non navigable => problèmes de transport (gros matériels, matériaux)
D’autres points durs sont aussi identifiés : les services publics de santé (déjà sous dimensionnés), le manque de ressources en main-d’œuvre…
La CGT s’est fortement impliquée dans les réunions de la CNDP
Au sein du comité régional, une coordination CGT harmonise les différentes structures CGT (UD de l’Ain, du Rhône, de l’Isère, fédérations de la construction, de la métallurgie et des mines et de l’énergie). Durant les débats, la CGT a insisté sur l’impérative nécessité de redynamiser dès à présent la formation professionnelle, pour disposer d’une main-d’œuvre qualifiée une fois le chantier lancé. L’investissement dans les tissus industriels local, régional, national a aussi été mis en avant, car la réindustrialisation est au cœur des enjeux, sans oublier le développement des services publics (santé, éducation…) dans le périmètre et autour de l’implantation des EPR2.
Le débat public sur les conditions de travail et la sécurité a réuni 200 personnes à Bourgoin Jallieu (Nord Isère). Cela montre tout l’intérêt que porte la population à ce projet. La CGT, qui participait à une des deux tables rondes de la soirée, a insisté sur l’impérieuse nécessité de garantir pour les personnels IEG, et dans la durée, leur statut pionnier, afin d’assurer le maintien des compétences et de savoir- faire, aussi bien lors de la construction que pour l’exploitation. Cet outil industriel, aussi imposant que complexe, doit être un projet social ambitieux : le Nouveau Statut du Travailleur Salarié a été mis en avant pour tous les sous-traitants. Ce statut protecteur, incluant des garanties individuelles et collectives de haut niveau, est une des conditions de la réussite pour un projet industriel de cette envergure.
Le débat public s’est achevé le 15 mai 2025 mais la procédure continue
Jusqu’à cette date, chaque association, syndicat, collectif, parti politique pouvait remettre son cahier d’acteurs sur le site de la CNDP. C’est chose faite pour la CGT Bugey qui y a inclus le programme progressiste de l’énergie de la FNME-CGT intégrant des ambitions sociales, industrielles et environnementales.
La prochaine échéance est le 15 juillet : l’équipe de la CNDP remettra son compte rendu sur le débat public et adressera une série de questions et de demandes de précisions aux maîtrises d’ouvrage. Celles-ci devront répondre pour le mois de septembre 2025 et deux nouveaux moments d’échanges seront alors ouverts au public. La CGT y prendra à nouveau toute sa place !