Groupement National des Cadres (GNC)

[Options 655 – Mars 2020 – p16]

Un élément constitutif de l’unité chez les électriciens et gaziers

Chapitre 3/3 : à la recherche du rassemblement des personnels

Avec l’évolution des mentalités et des conditions de la production et de la distribution d’énergie, la ségrégation entre encadrement supérieur et techniciens/maîtrise devient de plus en plus difficile et compliquée. L’électricité et le gaz, en concessions avec des missions de service public, exigent des choix matériels, financiers et humains compatibles avec cette mission, faisant ainsi apparaître des contradictions. Le développement du gaz et de l’électricité dans le cadre de ces concessions multiplie les exploitations techniques. De nombreux ingénieurs sont progressivement confrontés aux réalités « du terrain » et cherchent comment rejoindre individuellement les syndicats.

À l’époque le syndicalisme est naissant, tout comme ces industries. Il balbutie encore quand, dans de nombreux secteurs, il va se solidariser, se confédérer.

Au départ, le syndicalisme IEG est catégoriel, de métiers. Trois syndicats se sont constitués : les travailleurs du gaz (les ouvriers), les allumeurs (très corporatistes), les employés… et les relations entre ces trois catégories seront longtemps orageuses. D’ailleurs, les grèves de 1899 seront des échecs pour les personnels compte tenu du caractère corporatiste et catégoriel des syndicats.

Nécessité de s’unir

L’unité des différentes catégories apparaît progressivement comme une nécessité. Cela suppose de dépasser cette conception catégorielle.

C’est d’autant plus nécessaire que monte l’exigence d’être assimilé au statut du personnel de la ville de Paris et que les électriciens, tirant enseignement des luttes des gaziers, se prononcent nettement contre les syndicats de métiers.

Ainsi, le « Travailleur de l’électricité » N° 3 de février 1904 appelle à un « syndicalisme sans distinction de corporation ou de spécialité ». À partir de la bataille pour l’assimilation, celle d’un statut du personnel gazier et électricien va se développer.

Premiers succès

De premiers succès revendicatifs voient le jour après la grève de février 1905. Forts de ces succès, ouvriers et employés vont se rapprocher.

Une « Union amicale des chefs de services contremaîtres et employés de bureau » voit le jour fin 1904. Qualifiée de « jaune » par le syndicat ouvrier, cette « Union amicale » devient « Union syndicale » fin 1905 et constitue indéniablement les prémices d’un syndicalisme du personnel d’encadrement.

Ensuite, trente années, avec des étapes, vont jalonner l’histoire d’un statut pour les électriciens et gaziers. De nombreuses voix se font entendre afin de marquer l’exigence qu’il concerne, non seulement les ouvriers, mais aussi les employés et les contremaîtres, même si, avant 1936, le problème de l’organisation syndicale des cadres ne sera pas soulevé par le syndicalisme ouvrier.

Des chefs de service et de bureau, des cadres sous-ingénieurs et même ingénieurs – ces derniers en assez petit nombre – adhèrent aux syndicats ouvriers et serviront de base à un syndicat de cadres.

Mais il faudra attendre le coup de tonnerre de 1936 pour que naisse l’idée d’une organisation spécifique.

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