Les vacances à peine achevées, retour à la réalité : tout augmente… sauf nos salaires ! « Les rentrées » sont toujours compliquées financièrement pour les salariés, mais cette année, force est de constater qu’elle est particulièrement difficile.
Au mois de juillet, l’INSEE a acté une hausse des prix à la consommation de 6,1% en un an (alimentation, carburant, énergie, coût du logement… rien n’y échappe). En « réponse » à la mobilisation du printemps dernier, les employeurs des IEG, dans un « excès de bonté », ont décidé unilatéralement d’augmenter le Salaire National de Base au 1er octobre de 1% et recommande aux entreprises d’octroyer une prime. Mais ces mesurettes sont bien loin de compenser l’inflation ! Il faudrait avoir obtenu 2 NR (c’est plus qu’exceptionnel) pour « maintenir » son niveau de vie en 2022… De quoi se démotiver et être en colère… C’est d’ailleurs la crainte des employeurs. Ils redoutent que l’exaspération se transforme en conflit. Faute d’arguments, ils déploient une stratégie systématique pour décrédibiliser les revendications salariales en utilisant des éléments de langage, notamment en direction de l’encadrement, à grand coups de rémunération globale et d’inter comparaisons faussées avec le privé.
Décryptons ce discours fallacieux !
Un amalgame volontaire entre augmentations individuelles et augmentation de la masse salariale
Les employeurs prétendent que les « entreprises attribuent autour de 2,8% d’augmentation salariale », mais comment se décompose ce chiffre ?
▶ augmentation du SNB
▶ mesures d’ancienneté
▶ mesures salariales individuelles (volume de GF et NR)
▶ mesures spécifiques (GF dédiés à certains métiers, « neutralité » maternité…)
La seule mesure générale d’augmentation du SNB n’est que de 1,3% en 2022 (dont 1% à partir d’octobre 2022 mais par anticipation de 2023 !). C’est pourtant le SNB qui a vocation à assurer un juste retour de la contribution globale des salariés à la richesse créée. Les employeurs jouent la confusion en mélangeant allègrement augmentations salariales individuelles et augmentation générale de la masse salariale.
Aucun salarié n’aurait perdu du pouvoir d’achat sur les 10 dernières années
C’est FAUX : ce calcul prend en compte (encore une fois) la hausse de la rémunération globale. Or, les mesures individuelles (GF, NR) relèvent de la reconnaissance du professionnalisme et du travail accompli, l’ancienneté relève du fonctionnement de notre grille de salaires, les primes sont non-acquises d’une année sur l’autre, et les indemnités, qui sont aussi intégrées dans cette rémunération globale, relèvent de contraintes, de sujétions de service…
Toutes ces mesures n’ont aucunement vocation à compenser l’inflation, sinon les salariés, même en progression de carrière, n’auraient jamais une véritable augmentation de leur pouvoir d’achat les années de forte inflation.
Des primes, toujours des primes, pour se soustraire aux augmentations des salaires.
Pour cette rentrée, c’est bien la politique des primes qui s’accélère avec la nouvelle prime « partage de la valeur » annoncée par le gouvernement. Ces primes ne compensent en rien la perte du pouvoir d’achat et ne font qu’aggraver le déficit public, puisqu’elles sont en partie défiscalisées et exonérées de cotisations sociales. En revanche, elles visent à « calmer le jeu », tout en évitant un engagement pérenne et en continuant d’accroitre la rentabilité des entreprises, au grand bonheur des actionnaires.
Nos entreprises feraient des efforts colossaux en matière de rémunération ?
Il suffit de regarder les bilans sociaux : les chiffres parlent d’eux même !
Même en incluant les primes et indemnités, la part des frais de personnel dans la valeur ajoutée (c’est-à-dire la richesse créée) a chuté de plus de 9 points ces deux dernières années, preuve que les richesses créées par les salariés sont de plus en plus spoliées par les actionnaires.
Extrait du bilan social d’EDF 2021 : Frais de personnel rapportés à la valeur ajoutée
FP = Frais de Personnel = rémunérations principales, complémentaires, primes et indemnités et cotisations sociales associées ; VA = Valeur Ajoutée= différence entre le chiffre d’affaires et les consommations (achats externes) : c’est la mesure de la richesse créée.
La part de la valeur ajoutée qui revient aux salariés diminue fortement ! Il s’agit bien d’un problème de redistribution des richesses.
NE NOUS Y TROMPONS PAS : La hausse des prix est le symptôme d’une crise structurelle profonde, liée à un modèle économique capitaliste à bout de souffle car fondé uniquement sur la création de valeur au profit des actionnaires. Les tentatives de culpabilisation du gouvernement ou les arguments peu crédibles des employeurs relèvent de la pure malhonnêteté. Pour faire face à cette crise, la seule solution est l’augmentation des salaires ! Pourtant elle n’est pas envisagée par nos dirigeants car elle obligerait à revenir sur l’augmentation continue des dividendes. Une chose est certaine, et l’histoire le montre, sans un rapport de force de l’ensemble des salariés, nous n’obtiendrons que des miettes.
Alors, allons-nous admettre « la fin de l’abondance et de l’insouciance » comme se plait à le dire Emmanuel Macron ?
Non ! Participons à la journée d’action du 13 septembre pour réclamer une augmentation du SNB afin de maintenir notre niveau de vie .