L’abrogation de la réforme de 2023 est possible en lui opposant un projet de société plus juste
Le gouvernement a donné jusqu’à fin mai aux syndicats et au patronat pour tenter d’« améliorer », sous fortes contraintes, la réforme des retraites de 2023. Une « mission flash » de la Cour des comptes a d’abord établi « des chiffres indiscutables », puis a suivi un trimestre de négociations annoncées « sans aucun totem ni tabou », et le cadre s’est encore durci avec un « retour à l’équilibre » réclamé à horizon 2030 (ce qui nécessiterait de dégager 6 Md € supplémentaires).
La CGT est sortie de cette tentative de légitimation d’une réforme profondément injuste
Le 16 mars, le 1er Ministre a clairement fermé la porte à un retour de l’âge de départ à la retraite à 62 ans… une énième trahison de ses engagements initiaux amplifiée par le contexte géopolitique de réarmement, instrumentalisé par l’exécutif. La CGT est donc sortie de cette tentative de légitimation d’une réforme profondément injuste.
Triple peine pour les plus qualifiés
Les années d’études, indispensables aux métiers hautement qualifiés, deviennent paradoxalement un handicap pour la retraite. En effet, un diplômé Bac+5 qui commence à travailler à 23 ans, devra aller jusqu’à 66 ans pour une retraite à taux plein sans décote (23 ans + 43 annuités). Cette réforme ignore aussi totalement la pénibilité et celle spécifique à nos métiers : stress, charge mentale, hyper sollicitations avec le numérique, responsabilités, astreintes.
72 % du salaire pour 37,5 annuités en 1980, contre 51 % après 43 annuités aujourd’hui !
Enfin, le taux de remplacement est aussi programmé à la baisse : en 1980 c’était 72 % nets du salaire pour un cadre retraité avec 37,5 annuités. Aujourd’hui, en l’état, il ne toucherait plus que 51,4 % pour 43 années ! La convergence du régime spécial des IEG vers le régime général s’accélère aussi : dès 2027 ce sera 43 annuités !
Déconstruire l’imposture budgétaire du financement
Le prétendu déficit structurel de notre système de retraites, son insoutenabilité financière, rabâchés à longueur de journée, sont des arguments totalement infondés : ce ne sont que des épouvantails pour justifier des régressions sociales. En effet, le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) démontre que les dépenses de retraite restent remarquablement stables à long terme, passant de 13,7 % du PIB actuellement à 13,2 % projetés en… 2070.
13,7 % du PIB en 2025 et 13,2 % en 2070 : notre retraite par répartition est intrinsèquement viable !
Notre système par répartition est donc intrinsèquement viable, et face à cette réalité, Bayrou invente un pseudo “déficit caché”, instrumentalise le contexte international pour imposer de nouvelles restrictions… alors qu’abroger la réforme actuelle ne coûterait que 15 Md € d’ici 2030. En parallèle, le patronat tente d’instaurer une “règle d’or” qui bloquerait toute augmentation des cotisations.
L’épargne retraite un leurre très dangereux
Outre son coût prohibitif (2 mois de salaire/an à épargner pendant toute sa carrière pour compenser la baisse des pensions), il n’y a aucune garantie de récupérer tout le capital investi dans ces systèmes à cotisations définies, et qui financent, parfois, des activités néfastes pour l’environnement.
Pourtant, de nouvelles sources de financement existent pour notre retraite par répartition : l’égalité salariale femmes-hommes (+ 6 Md €), faire cotiser des rémunérations aujourd’hui exemptées (+ 4 Md €), la lutte contre la fraude aux cotisations sociales (+ 6 à 8 Md €), l’augmentation modérée des cotisations patronales (+ 5 à 6 Md €), la mise à contribution des revenus financiers (+ 10 Md €)… soit près de 40 Md € potentiels, bien au-delà des besoins identifiés !
Le régime pionnier des IEG : un modèle d’avenir
Cette conquête sociale historique, propre aux Industries Électriques et Gazières, a des vertus exemplaires, comme reconnaître les spécificités et la pénibilité des métiers, pour tenir compte des contraintes liées aux missions de service public (3×8, astreintes, conditions climatiques difficiles, risques électriques et gaziers…), autant de vertus ouvrant la voie à des progrès sociaux pour l’ensemble des travailleurs. Avec ces services actifs, et avant la réforme Fillon de 2010, les agents des IEG pouvaient partir à 55 ans. Lorsque l’âge légal est passé à 62 ans, c’était un départ à 57 ans, et c’est désormais 59 ans avec les 64 ans, ce qui porte un coup sévère à la reconnaissance de la pénibilité. Pour les ICT qui encadrent ces équipes et partagent souvent leurs contraintes, c’est également une attaque directe contre leurs conditions de travail et leur santé à long terme.
Une stratégie d’alignement par le bas des droits sociaux
Ce démantèlement progressif du régime général et des régimes pionniers s’inscrit dans une stratégie d’alignement par le bas des droits sociaux, fermant la porte à des avancées pour l’ensemble des salariés, particulièrement tous ceux exposés aux diverses formes de pénibilité, y compris celles, moins visibles mais tout aussi réelles, qui affectent les ICT.
Des solutions concrètes pour une retraite juste
Face à ces attaques, l’Ufict-CGT exige l’abrogation immédiate de la réforme de 2023 et revendique la validation des années d’études supérieures pour le calcul des droits à retraite : 3 années pour une Licence, 2 années pour un Master, avec une année supplémentaire par niveau, en cas de redoublement, ce qui permettrait de valider jusqu’à 7 années au total.
Cette mesure de justice sociale reconnaîtrait, enfin, l’investissement personnel et collectif dans la qualification. Toutes les formes de pénibilité doivent aussi être reconnues, y compris celles spécifiques aux ICT, avec un trimestre de bonification par année d’exposition à des facteurs de pénibilité, avec des départs anticipés dès 55 ans. L’objectif est d’arracher un âge légal de départ à 60 ans pour tous, avec un taux de remplacement garanti à 75 % du revenu d’activité pour une carrière complète, ainsi que le rétablissement et l’amélioration des droits spécifiques du régime des IEG.
Pour gagner la mobilisation des ICTAM est indispensable
Ils constituent plus de 50 % du salariat français (86 % dans les IEG), et sont donc en mesure de faire basculer le rapport de force, car l’histoire démontre que les conquêtes sociales sont toujours le fruit de la mobilisation collective. Notre régime par répartition, le régime spécial des IEG, que nous devons défendre et améliorer, résultent des luttes passées.
L’Ufict-CGT vous appelle donc à vous mobiliser de façon massive et déterminée dans les semaines à venir : assemblées générales sur les sites, débats sur le financement alternatif des retraites, pétitions pour l’abrogation de la réforme, journées d’action nationales… Il faut se mobiliser « tous ensemble », car la réforme de 2023 n’est pas une fatalité et son abrogation est possible en lui opposant un projet de société plus juste qui valorise les qualifications, reconnaît toutes les formes de pénibilité et garantit à chacun le droit à une retraite digne après une vie de travail.
Notre avenir se joue maintenant : ne laissons pas d’autres décider à notre place !
L’Ufict-CGT exige l’abrogation immédiate de la réforme des retraites de 2023