Journal du 6ème congrès – N°2

Edito

Appelons-les Madame, Monsieur « Connecté ». Presque Madame et Monsieur Toutlemonde.
Les outils numériques sont entrés dans leur vie, à la maison comme au travail. Pas question de les refuser au travail, ce serait illusoire.
Et puis, pourquoi en nier les bénéfices. Pourtant, il faudrait prendre la juste distance avec cet envahisseur. Combattre ses effets parfois dévastateurs : le travail intensifié, fragmenté, flexibilisé, externalisé… Rompre l’isolement, reconstruire du collaboratif, des collectifs de travail.
Et l’Ufict, est-elle connectée ou déconnectée avec leurs attentes de reconquête, de sens et d’utilité ?
Ni préjugés, ni solutions toutes faites. Seulement des repères et une démarche : côté cour, le syndiqué acteur et auteur des propositions de son organisation. Côté jardin, des espaces ouverts aux ICT, écrivant avec des mains multiples, égales entre-elles, le récit du travail désaliéné et épanouissant.

Une organisation pour des syndiqué.e.s  acteur.trice.s

Des témoignages qui démontrent qu’avec peu de moyens, on réussit à syndiquer et à créer du lien.
Enthousiasmant ! Etre permanent c’est organiser un travail collectif ; ne pas l’être oblige à mieux partager le quotidien et les préoccupations des salariés. Alors, c’est quoi la recette idéale ? Sans doute s’adapter à chaque population et à ses attentes, tant elles sont diverses.
L’organisation miracle n’existe pas : les débats en attestent. Avec ou sans permanent syndical, en fusionnant ou en scindant les structures, seul doit compter le résultat : la qualité du rapport aux salariés d’où découleront la représentativité et le nombre de syndiqués.
Une certitude néanmoins : la nécessité d’une structure spécifique est prouvée. Sans elle, peu ou pas d’activité spécifique. Mais les structures ne doivent pas s’opposer : les militants doivent se projeter au-delà de leurs unités d’appartenance pour être moins isolés, partager les pratiques et être plus efficaces. Seule doit compter la proximité.
Syndiqués, militants, c’est la clé de la syndicalisation. Il en naîtra du lien et de la proximité avec les salariés.
Ne pas avoir de préjugés, oser… pour obtenir des résultats !

Intervention du Secrétaire Général de la FNME Sébastien Menesplier

Travaillons à ce qui nous rassemble

Face aux attaques multiples, la mobilisation grandit, soutenue par les français pour changer d’orientation dans la politique menée dans le pays et dans les entreprises.

Les raisons qui ont conduit à la création de notre organisation spécifique sont toujours et encore plus d’actualité, car le salariat est majoritairement composé d’ICT. Le spécifique, ce n’est pas dire autrement ou avec d’autres mots ce que dit le syndicat général, ce n’est pas une CGT bis : c’est construire les revendications avec les ICT.
Il faut partir de l’activité syndicale puis mettre en place la structuration pour créer une CGT audible et visible, présenter des candidats dans tous les collèges, partout, pour avoir un résultat de la CGT le plus haut possible.
Les activités sociales c’est l’affaire de tous, l’Ufict doit aider pour travailler notre activité en direction de l’encadrement et s’investir dans les collectifs fédéraux.

Travaillons à ce qui nous rassemble et rejetons tout ce qui nous divise pour être encore plus visibles, plus audibles et plus efficaces.

Mutations du travail, nouveaux besoins

Les tables rondes sonnent souvent comme des moments rares. Par l’apport de connaissances mais plus encore par la théorisation de situations que nous rencontrons tous. Il en va de l’intervention de Vincent Mandiveau, de l’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail (ANACT).
Notre conférencier insiste : « Alors qu’elle est présentée comme rapide, la transformation numérique a été précédée par une rationalisation du travail, une fragmentation et une flexibilisation, la construction d’outils numériques à l’usage individualisé, l’externalisation d’activités ».
Le fait nouveau réside dans le fait qu’avant, les innovations s’accompagnaient de temps d’adaptation. Aujourd’hui elles se mettent en place brutalement, par une méthode de disruption (transformation permanente empêchant toute opposition).
La transformation numérique conduit à une ambivalence. Si c’est une aide dans le travail qui ouvre des possibilités de calculs, de recherche, de conception, elle a aussi ses travers. Elle intensifie le travail (faire plus dans le même temps), densifie (gestion et administratif en plus du travail des ICT), fragmente (sentiment d’être un pion dans une chaîne), disperse (les ICT ne disposent que de 10 minutes avant d’être interrompus d’où la pression pour optimiser cette plage).

Des mille-feuilles d’outils numériques créent une multiplicité d’outils ainsi que d’usages. Pourtant l’outil ne fait pas tout : d’ailleurs si le travail collaboratif n’existe pas, ce n’est pas l’outil qui va le créer.
Le management, sous réserve de managers compétents, a son utilité. Mais l’entreprise libérée, l’auto-organisation en cercles (holacratie), entrepreneurs ou intrapreneurs… voudraient les éliminer.
Vous n’avez pas aimé la main invisible du marché, vous n’aimerez pas plus la main invisible du management.
Toutes ces nouvelles formes d’organisation augmentent l’individualisation et diminuent les solidarités. Leur but n’est que d’augmenter toujours plus les profits des entreprises.
Et si nous nous y intéressions pour que tous ces gains de productivité nous profitent à nous, pour travailler moins et travailler tous ?
Un beau challenge syndical…

Interview

Delphine, 39 ans, du centre de recherche ENGIE, Ile de France

Ingénieure, diplomée de Centrale Nantes et secrétaire de syndicat de 2010 à 2019.

En quoi l’Ufict constitue-t-elle un appui à l’activité syndicale ? On bénéficie d’outils, d’un message adapté, aisé à déployer auprès des ingénieur.e.s, notamment les messages sur les actions générales.
Quels sont les principaux enjeux actuels ? Lutter contre le fatalisme et sortir des formes de délégation. Construire des « communautés » (au sens facebook) de défense de points de vue et de propositions des salarié.e.s, pour les faire ainsi sortir du bois.
Qu’attends-tu du congrès et de l’Ufict dans la période ? De vrais axes de réflexion, au-delà des témoignages sur nos pratiques et en particulier sur nos difficultés à nous confronter à la question de la perte de sens actuelle du travail.
Ton message au congrès ? Se faire confiance et faire confiance aux salarié.e.s. Garder l’espoir en l’espèce humaine.

Interview

Maud, 40 ans, secrétaire générale du syndicat Energie 33 de 2012 à 2018

En quoi l’Ufict constitue-t-elle un appui à l’activité syndicale ? Notre section Ufict est transverse à toutes les sections métiers. Elle regroupe les adhérents selon trois critères adaptés au métier : classement, activité de management, autonomie. L’Ufict apporte un appui pour porter les campagnes, favoriser la proximité, notamment par sa communication.
Quels sont les principaux enjeux actuels ? Se déployer en termes de débat d’idées, d’interpellation, d’engagement, vers toute une population aujourd’hui majoritaire.
Qu’attends-tu du congrès et de l’Ufict dans la période ? Un haut niveau de débat permettant de travailler ensemble, d’être innovants sur les plans revendicatifs et sur les modalités d’expression. Apporter des éléments de réponse à la question « comment mobiliser les cadres et les hautes maîtrises ? », car l’arrêt de travail n’est pas adapté.
Ton message au congrès ? Pour affronter les élections CSE à venir, il est indispensable de FAIRE ENSEMBLE.

 

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1 réaction

  1. Merci pour ces nouvelles rafraîchissantes !
    Bon congrès à vous.
    Et bon courage pour tout remettre à plat, dans un monde qui est bien désorienté.
    Fraternellement
    Agnès