L’engagement des jeunes : l’avenir de notre syndicalisme

[Options n°646 – avril 2019 – pages 7-9] En effet, la distance grandissante entre nos adhérents et les militants nous limite dans notre capacité à être présents au cœur même des collectifs de travail.

Comment gagner l’engagement des jeunes adhérents ? Comment leur donner toute leur place dans notre organisation ? Comment construire avec eux ? Quels modes de communication utiliser pour répondre à leurs aspirations ?

Aborder ces questions sous le prisme des jeunes présente au moins deux avantages. D’une part, répondre au défi de renouveler notre corps militant, vieillissant, et d’autre part, stimuler l’ensemble de nos adhérent.e.s toutes générations confondues.

Laurent Graveleine, secrétaire général du syndicat Énergies 77 nous fait une présentation de la sociologie du salariat de son unité, l’Unité Technique Opérationnelle* d’EDF. A la vue des graphiques, plusieurs constats s’imposent :

  • 50 % de l’effectif se situe dans la tranche d’âge 25 -35 ans, pour un âge moyen de 37 ans et demi,
  • 33 % des salarié.e.s sont des femmes,
  • au sein d’une population uniquement composée d’ICT, la part des agents de maitrise est passée de 30 % à 35 % en 3 ans ; logiquement, en contrepartie, la part des cadres et ingénieurs est passée de 70 à 65 % et ce sont surtout des BAC + 2 qui ont été embauchés.

Cette connaissance du salariat renforce notre conviction de l’intérêt d’une démarche volontariste vers les jeunes salarié.e.s, pour susciter leur adhésion à l’Ufict CGT. Cette démarche s’appuie également sur une nouvelle manière d’envisager notre communication.

La question de la communication au sein de notre organisation est primordiale pour gagner en audience chez les Ingénieurs Cadres et Techniciens, et particulièrement auprès des jeunes. Ces jeunes, souvent qualifiés de « génération Y », « millénials », « hyperconnectés »… nous obligent à multiplier les canaux de communication et à faire preuve d’ingéniosité pour capter leur attention et susciter leur expression.

A la veille du CSE, et la baisse drastique des moyens syndicaux qui en résultera, le temps manquera aux représentants syndicaux pour aller rencontrer les collègues dans leur service. Il nous faut donc réinventer nos fonctionnements. Il est bien dit « fonctionnements », et non pas « outils », car les outils de communication ne manquent pas. Mais encore faut-il les connaitre, savoir les utiliser, prendre le bon… Les jeunes savent les utiliser, alors il faut nous mettre à la page si tel n’est pas le cas.

Un bref sondage a été réalisé auprès de syndiqués et d’agents qui conforte l’importance de la communication. Il ressort que 92 % des syndiqués reçoivent une communication syndicale écrite contre seulement 67,5 % des agents. Alors que ¾ des syndiqués « oubliés dans nos diffusions » souhaiteraient une communication adaptée à leur catégorie, nous avons un enjeu de taille pour près d’¼ des agents également « oubliés » et qui ne veulent rien recevoir ! Mails et SMS sont les moyens de communications préférés des agents sondés, syndiqués compris, suivent ensuite les réseaux sociaux : 18 % des syndiqués ont répondu avoir rejoint un réseau social.

Quel réseau social utiliser ?

Facebook, Twitter, Whatsapp, Forum, Sites internet… Comment les utiliser correctement et à bon escient ? Comment s’y former ? Car nous ne sommes pas tous au même niveau. Comment donner envie à nos collègues de s’y connecter, de s’y inscrire ? Mais au-delà de tout ça, un temps doit être consacré pour tenir à jour les données, être réactif… Comment ? Dans quelle mesure pouvons-nous mutualiser nos moyens ?

Au cours du débat, les échanges sont parfois contradictoires : tant mieux !

Les différents canaux de communication ne s’opposent pas mais sont complémentaires. Ainsi, les mails et autres réseaux sociaux ne remplaceront jamais la traditionnelle distribution de « bugne à bugne », chère à Jean-Marc Cotx de l’ingénierie EDF (Syndicat National du Personnel de l’Ingénierie SNPI).

La meilleure communication n’est-elle pas celle faite par nos syndiqués, immergés au quotidien dans les collectifs de travail ? Mais comment armer nos syndiqués, comment leur donner l’envie d’être des relais, de militer ?