Reprenons la main sur les mots pour mieux combattre les maux !
Bien que pour la grande majorité des salariés, la langue usuelle soit le français, les termes anglais sont de plus en plus utilisés dans les entreprises. Pourtant, la loi Toubon de 1994 consacre le français comme la langue de référence dans le monde du travail !
De plus en plus d’anglicismes au travail
RH, marketing, communication, services informatiques, commerciaux, hiérarchiques… en usent et abusent parce que ça fait « corporate », pardon, entreprise ! L’anglais serait-il devenu la langue de la réussite professionnelle ? Plusieurs facteurs expliquent cette évolution du langage professionnel. Il y a bien entendu la multiplication des échanges internationaux. Mais c’est surtout que les mots anglais, c’est tendance, ça fait « jeune », c’est dynamique et c’est très souvent associé aux nouveaux modes de « management » et à la réussite professionnelle.
Les mots anglais : c’est tendance, ça fait « jeune »… c’est associé à la réussite professionnelle
Des mots comme coworking, to-do-list, brainstorming, reporting, open space, benchmark, deadline, debriefing, process, feedback… autant de vocabulaire au cœur des nouvelles méthodes de travail importées des USA. Mais n’est-ce pas aussi pour véhiculer une « marque employeur », à la page, moderne, attractive ? Un code d’appartenance à une entre prise ou à un milieu professionnel ? A en croire la socio logue Agnès Vandevelde-Rougale, il semblerait bien que oui, comme elle le confirme dans un article récemment paru dans Les Echos.
Mais trop d’anglicismes n’est-ce pas contreproductif?
N’est-ce pas prendre le risque d’exclure celles et ceux qui ne maîtrisent pas parfaitement la langue de Shake speare ? De creuser un fossé entre anglophones et non anglophones? Les non-initiés peuvent se sentir exclus d’une conversation où les termes en anglais foisonnent, alors que leur signification exacte n’a jamais été explicitée au préalable…
Prenons quelques exemples. « Faire tin report in g » au lieu de « faire un bilan ou un retour ». « Pitcher » au lieu de « présenter ». Faire un « benchmark » au lieu de «faire une analyse comparative des pratiques des entreprises concurrentes ou comparables »…
Penser aux alternatives en français
Notre propre organisation syndicale n’est pas exempte de ce travers. Nous utilisons nous aussi beaucoup de termes anglais, alors que des alternatives en français existent, et que choisir les bons mots accroît notre liberté de penser. Cela contribuera à préserver la richesse de notre langue, car une langue appauvrie conduit à une pensée réduite, voire tarie.
Choisir les bons mots accroît notre liberté de penser
Utiliser « appel » plutôt que « call », « réunion » plutôt que « meeting », « retour » à la place de «feedback », « compte- rendu » au lieu de «debrief», «date butoir» plutôt que « deadline »… La plupart des anglicismes courants ont un équivalent français, aussi court et percutant ! La langue de Molière est riche de mots pour définir toute chose ou action, alors, profitons-en ! La suite au prochain numéro…