Refonder le pacte social pour l’avenir de la filière nucléaire

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100 000 recrutements sont attendus sur les 10 prochaines années !

Tel est le défi à relever pour la filière nucléaire, et que mentionne le rapport Match du GIFEN (Groupement des Industriels Français de l’Énergie Nucléaire), avec des champs de compétences couvrant la construction de six réacteurs EPR 2, l’exploitation du parc existant, les activités liées aux nouvelles technologies des petits réacteurs (SMR), sans oublier le démantèlement des centrales, la gestion des déchets, ou encore des applications dans le domaine médical… Vaste domaine qui passe d’abord, pour la CGT, par le maintien d’un haut niveau d’expertise, couplé à des capacités de recherche renforcées. Or, le moratoire sur le nucléaire civil s’est traduit par l’absence de programme palier depuis plus de 25 ans (la mise en service de Civaux a débuté en 1997), auquel s’est ajouté la fermeture des 2 tranches de Fessenheim en 2020… et 12 autres tranches devaient suivre le même chemin ! Tout cela a lourdement contribué à figer les embauches, à des effets de balancier dans les recrutements, générant ainsi des difficultés pour maintenir des compétences collectives.

Les scénarios RTE 2050 ont redonné vie au nucléaire

Vraie prise de conscience, ces scénarios ont remis au goût du jour le rôle bas carbone de l’électricité nucléaire, le fait qu’elle soit pilotable, et surtout qu’il en faudra beaucoup plus, demain, pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Ces constats ont véritablement dopé la formation. Pour preuve, le nombre d’étudiants préparant le diplôme d’ingénieur spécialisé en génie atomique à l’Institut National des Sciences et Techniques Nucléaires (INSTN) a progressé de 75 % en trois ans ! Car ce n’est pas moins de 3 000 cadres qui seront recrutés tous les ans jusqu’en 2033, en priorité des ingénieurs en maintenance et sûreté pour les installations existantes, ainsi que des chefs de projets pour construire les futurs réacteurs.
La tension est si forte que la filière encourage et aide les reconversions, recrute des séniors, et même – faute d’anticipation dans ces recrutements – des retraités !

La formation : un ascenseur social

Des dispositifs promotionnels permettent à des Techniciens de passer Cadre en suivant un plan de développement des compétences. Ils représentent un ascenseur social pour les salariés qui s’investissent dans ces formations, avec maintien de leur salaire, que ce soit en alternance ou en continu. Certaines entreprises de la filière proposent, elles aussi, des formations à leurs salariés afin d’accompagner des reconversions vers le nucléaire.

La CGT émet les plus grandes réserves envers les réformes actuelles de l’ingénierie

La CGT encourage ces parcours croisés, car ils ont montré toute leur pertinence dans la réussite du programme Messmer (1974), avec des agents venant de l’hydraulique, du thermique classique entre autres, et qui ont constitué un socle solide de compétences collectives. La CGT émet en revanche les plus grandes réserves envers les réformes actuelles de l’ingénierie EDF, en particulier l’accélération de la filialisation, la séparation des entités pour répondre aux besoins d’un seul projet… cette forme de structuration en cours chez Edvance (filiale EDF/Framatome) et chez Hydrostadium (filiale EDF) n’a démontré, ni son efficacité pour finaliser des études respectant délais et qualité, ni favorisé la fidélisation du personnel avec un turnover élevé en raison des conditions de travail dégradées et du manque de reconnaissance. Ce dumping social n’est pas une solution viable à terme et il faudrait prendre d’autres mesures. D’une part, redonner à EDF les moyens financiers et sociaux de relancer le nucléaire, et d’autre part refonder le pacte social dans nos entreprises.

Améliorer nos garanties collectives et statutaires

Cela passe par une amélioration de nos garanties collectives et statutaires. Il faut également réouvrir des écoles de métiers qui répondraient parfaitement aux enjeux actuels de compétences et de Service Public, un gage d’ascenseur social, générateur du sentiment d’appartenance à l’entreprise, et donc de fidélisation des salariés.

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