La mise en place autoritaire du pass sanitaire en pleine période estivale, avec son lot de décisions aussi incohérentes qu’incompréhensibles divise les citoyen.ne.s. Cela sature l’espace médiatique et alimente les conversations, occultant ainsi et à dessein les questions sociales, économiques et environnementales. La journée d’action intersyndicale du 5 octobre, sera non seulement l’occasion de remettre toutes ces questions sur le devant de la scène, mais aussi de faire valoir d’autres alternatives que celles réitérées par tous les gouvernements depuis des décennies.
Alors que cette crise a révélé toutes les limites du système économique mondial et mis en évidence les maux inhérents au système capitaliste que sont la financiarisation à outrance des entreprises, la destruction des services publics, la stagnation des salaires, l’augmentation des inégalités… le gouvernement aurait été bien inspiré de changer de paradigme pour construire un monde différent. Mais rien ne bouge… sauf à encore aggraver davantage le monde d’avant !
La poursuite de réformes qui accélèrent la remise en cause des droits des salarié.e.s
Dès le mois de juillet, lors de son allocution télévisée, Emmanuel Macron a annoncé la couleur : « Il faudra travailler plus longtemps pour partir plus tard ; les régimes spéciaux seront supprimés… ». Même si la mobilisation de l’hiver 2019/2020 a permis d’obtenir la suspension de la réforme de notre système de retraite, les vieilles lubies du gouvernement d’affaiblir notre système de protection sociale se poursuivent, dans le prolongement de la dégradation de l’assurance chômage. Aujourd’hui, à quelques mois de l’élection présidentielle, la réforme des retraites pourrait revenir sur le devant de la scène, après que la réforme de l’AGIRC/ARCCO ait asséné un nouveau coup de boutoir aux droits des Ingénieur.e.s, Cadres et Technicien.ne.s.
L’austérité salariale, un frein à la reprise économique
Année après année, notre pays souffre des politiques salariales imposées par les gouvernements successifs et les directions d’entreprises. Au-delà de provoquer le mécontentement des salarié.e.s, elles sont aujourd’hui pointées du doigt comme étant un frein à la reprise économique. Cette question a une résonnance particulière dans nos entreprises après plusieurs années de gel du salaire national de base (SNB) et en pleine négociation de branche sur le système de classification/rémunération. Au titre d’une soi-disant obsolescence de notre système de rémunération, les employeurs proposent de le « moderniser », en dégradant davantage la situation actuelle.
Au programme : une individualisation à outrance de la rémunération, avec encore à la clef une baisse du pouvoir d’achat pour toutes et tous (voir schéma évolution du SNB), des nouveaux NR (appelés « pas ») de 0,1 % contre 2,3 % en moyenne aujourd’hui, avec un minimum de 1 % d’augmentation lors des avancements aux choix. L’argument utilisé est celui de pouvoir en distribuer davantage et plus souvent. Une ritournelle déjà entendue en 2008 lors de la précédente réforme où les NR étaient alors de 5%.
Des bénéfices records mais rien ou presque pour les salarié.e.s !
Malgré une baisse du chiffre d’affaires global, la publication des comptes du premier semestre des 37 premières entreprises du CAC 40 révèle des bénéfices nets en hausse de 33 % par rapport à 2019. Cette hausse de la rentabilité s’explique en partie par l’austérité salariale imposée aux salarié.e.s et les réorganisations d’entreprises qui se traduisent par des milliers de suppressions d’emplois.
Les profits explosent aussi dans les entreprises du secteur de l’énergie !
A EDF, le résultat net courant (hors éléments exceptionnels) a ainsi triplé au 1er semestre 2021 et les objectifs 2021 sont du coup rehaussés.
Les perspectives financières pour 2022 sont confirmées avec toujours les mêmes recettes : baisse des charges de personnel (salaires, emplois), cessions…
Côté Engie, les réorganisations, les plans d’économie et les cessions répétées ne renforcent toujours pas le Groupe mais continuent à l’appauvrir à tel point que l’on se demande s’il ne va pas à court terme disparaitre. Une des formes de l’appauvrissement réside dans la distribution disproportionnée de dividendes, entre 2 et 3 fois les résultats, au lieu de réaliser des investissements industriels (notamment sur la Recherche et Développement), mais aussi humains (embauches, rémunération, formation).