[Options n°651 – novembre 2019 – page 16]
Toute décision demande qu’elle soit le fruit de la réflexion du plus grand nombre et qu’elle soit mise en œuvre de la façon la plus efficace. C’est particulièrement vrai des choix opérés dans les Congrès syndicaux…
Nous avons déjà évoqué la partie historique du Congrès de Lyon de la Fédération CGT de l’Eclairage en juin 1937 et les différentes orientations qui y ont été prises : concept de nationalisation, revendication d’un statut national, syndicalisme spécifique Cadre rattaché à une Fédération syndicale… avec l’idée majeure du rassemblement et de la volonté d’unifier. Secrétaire Général de la Fédération, Marcel Paul s’y est attaché. Il ne fut pas seul…
John Ottaway 1er Président du GNC (1938 à 1939 et de 1944 à 1948)
Né en juin 1887 à Paris, dans une famille d’origine britannique, John était pétri de sentiments de justice, de liberté et de paix. Deux éléments ont marqué sa jeunesse. Sa mère avait vécu la Commune de Paris et lui racontait comment ses deux oncles furent communards et déportés. Dessinateur, il est mobilisé en 1916 et combat sur différents fronts et il est cité trois fois. Là se sont forgés ses sentiments pacifistes.
En août 1919, il est embauché à la Compagnie Parisienne de Distribution d’Electricité (CPDE). Il devient sous-ingénieur en 1923 et milite au syndicat des employés et contremaîtres des secteurs électriques de la région parisienne. C’est dans cette unité qu’il fait la connaissance de Marcel Paul.
Militant pacifiste, face à la montée fasciste il adhèrera au PCF en 1934.
Toujours bâtir, être rassembleur, tel est son objectif
Lorsqu’a lieu le 1er Congrès du GNC, en 1938, en application des décisions du Congrès fédéral, Marcel Paul fait appel à John Ottaway pour en assurer la présidence. En 1938-1939, le GNC agit pour que les problèmes des Cadres ne soient pas dissociés de ceux des autres catégories de personnel dans les négociations avec le patronat et le gouvernement. C’est ainsi qu’une première grille nationale des salaires verra le jour : un premier succès qui en appellera d’autres avec le statut national du personnel de 1946.
Fin 1939, les militants communistes, qui refusent de dénoncer le « pacte germano-soviétique », sont exclus de la Fédération. Le GNC est dissous par la Direction de la Fédération dite « légale ». John Ottaway est alors révoqué.
S’ouvre alors une période difficile de sa vie où il restera fidèle à ses idéaux. Il est arrêté à plusieurs reprises, emprisonné puis interdit de séjour en région parisienne. Il participe au Comité de Libération de Neufchâtel où il a trouvé un emploi. Résistant, il est torturé et mutilé par la gestapo.
En septembre 1944, il est de retour dans la région parisienne et réintégré à la CPDE. Il reprend sa responsabilité de Président du GNC reconstitué et en devient le Président d’Honneur en 1948.
Durant toute cette période il participe à la mise en œuvre des autres décisions du Congrès de 1937.
Membre de la Commission Perrier, chargée de réfléchir à la nationalisation du gaz et de l’électricité, au nom de la Fédération, il devient de 1946 à 1948 Administrateur d’EDF, tout en étant Administrateur du CCOS (ancêtre de la CCAS) et Secrétaire adjoint de la Fédération.
Mais souffrant des séquelles des tortures subies, malade, il quitte ses responsabilités syndicales nationales au début des années cinquante.
Ainsi était le premier dirigeant du GNC : une grande et belle figure du syndicalisme qui a montré la voie en tant que précurseur et bâtisseur.