Fonctions supports et d’appui au coeur des métiers

Paye en Roumanie, plateau clientèle en Asie, mais aussi mise en concurrence entre salariés statutaires et intérimaires, les Fonctions Supports et d’Appui (FSA) sont au cœur des chamboulements dans nos entreprises.

Ressources humaines, comptabilité, achats, logistique, communication, juridique, formation, assistanat, les fonctions support et d’appui (FSA) ne sont plus cœur de métier pour les directions. Et, pour l’Ufict ? Ne sont-elles pas également négligées ? La première matinée de discussion organisée autour des fonctions support précède une campagne de consultation auprès des agents de maîtrise et des cadres exerçant une fonction dans ces différents métiers.
Trois intervenants se succèdent à la tribune : Franck Martini, directeur du cabinet Cateis, expert CHSCT ; Delphine Grall, assistante sur un campus de formation Enedis, syndiquée Ufict ; Jean-Pol Oliver de l’Union fédérale des Cadres et Maîtrises cheminots CGT (UFCM).
Pour Franck Martini, « réfléchir sur les FSA implique de penser les évolutions des organisations de travail depuis quinze ans ; des évolutions qui ont pris la forme d’une intensification du travail et d’une rationalisation à coups de sous-traitance, de flexibilité, de précarisation. Les nouvelles organisations, matricielles ou en mode projets, qui ont succédé à l’organisation pyramidale perturbent les conditions et l’exercice même du travail. Et ces transformations s’accélèrent. Désormais, les FSA constituent davantage des appuis au processus de l’entreprise qu’une aide aux salariés. Par exemple, la création de portails internet les privent du contact humain avec leur gestionnaire de contrat de travail. Ils n’ont plus droit aujourd’hui qu’à une prestation de services dépersonnalisée ».

Adresse mail générique et portail intranet ou comment remplacer la relation humaine

« Face à ces bouleversements, les salariés des FSA se sentent impuissants et ne croient plus en l’action collective. A cause du rétrécissement des effectifs les perspectives de carrière deviennent de plus en plus limitées d’une part ; d’autre part, la perte de culture partagée entraîne un déficit de dialogue entre les générations ».

« Certains dirigeants prennent aujourd’hui conscience d’avoir créé un monstre bureaucratique déresponsabilisant mais, comment faire machine arrière sans rogner les dividendes des actionnaires ? Les syndicats ont un rôle à jouer afin de mobiliser ces salariés pour un fonctionnement plus humain, pour plus de responsabilisation individuelle et plus de lien entre les individus ; pour remettre l’expertise au centre des métiers et construire un changement qui fasse sens économiquement mais qui également fasse sens en matière de santé et de bien-être du salarié au travail ».

Delphine Grall, dans une courte et percutante intervention illustre les propos précédents. A ses missions initiales d’assistante sur un campus de formation Enedis « se sont progressivement ajoutées des fonctions d’accueil, d’approvisionnement, de relations publiques ». Formateurs et stagiaires sont devenus des « clients ».

Jean-Pol Oliver de l’UFCM Cheminots apporte pour sa part le témoignage des « services communs » de la SNCF qui regroupent dix-sept métiers dont la police ferroviaire, les RH, la comptabilité… « Il y a dix ans, nos services communs regroupaient 12 000 agents. Différentes réformes ont limité les effectifs à 8 500 personnes parmi lesquelles 53 % d’agents de maîtrise et de cadres. L’UFCM bataille auprès de la direction de la SNCF pour obtenir la mise à jour du dictionnaire des filières car, si des métiers ont disparu, d’autres ont évolué. Deux fois par trimestre, les délégués du personnel (DP) qui couvrent les dix-sept métiers se réunissent pour aborder les différents thèmes communs aux fonctions d’appui.

Pour sa part, la fédération CGT Cheminots a mis en place un collectif technique Métiers Services Communs par région et un collectif technique national. Une conférence triennale Métiers Services Communs nous permet d’actualiser nos repères revendicatifs.

Pour l’UFCM, les services communs sont bien « cœur de métier », même s’il faut en convaincre ceux qui y travaillent et même parfois des militants CGT, souvent issus de fonctions techniques… »

 

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