Le soleil brille pour la CGT d’EDF Renouvelables !

[Options n°645- mars 2019] La CGT est première organisation syndicale au CSE de février 2019 et améliore sa représentativité.

EDF Renouvelables, anciennement EDF Energies Nouvelles, est à côté d’EDF Hydro la deuxième composante du pôle Energies Renouvelables du Groupe EDF. Présente dans plus de 20 pays,
3 500 salariés, elle est dirigée depuis avril 2018 par Bruno Bensasson (un transfuge d’Engie). Son activité consiste à développer, concevoir, construire, produire de l’électricité verte et assurer l’exploitation/maintenance de projets d’énergie renouvelable dans le monde, principalement éoliens terrestres et en mer (81 %) et solaires (17 %). C’est une activité récente, rentable et en forte croissance au niveau mondial, même si le bilan est plus contrasté en France.

Une belle vitrine en apparence… avec quelques fissures

En 2018, comme en 2017, les résultats sont moins bons, tout comme la situation sociale. Cela explique, en partie, le ralentissement très net de la progression en France et un démarrage assez lent des très médiatiques plans solaire et stockage (« greenwashing ? »). Rappelons ici que les salariés d’EDF Renouvelables ne sont pas au statut des IEG mais sont sous le régime de la Convention Collective Syntec (en voie d’être démantelée par des accords d’entreprises dérogatoires).

La montée en puissance de la CGT

Le secteur des renouvelables, financiarisé, atomisé, ouvert à la concurrence, fait une large part à la sous-traitance et à l’externalisation. Au début des années 2000 les salariés bénéficiaient d’une participation et d’un intéressement significatif, avec des perspectives de carrière très motivantes. Mais la situation s’est dégradée en 2012 à l’arrivée d’Antoine Cahuzac, avec la disparition progressive de la participation, du fait de montages juridiques et fiscaux défavorables aux salariés.

L’âge moyen des salariés est de 35 ans et le turnover atteint 15 à 20 %. Cela rend l’activité syndicale difficile avec des départs constants d’élus, syndiqués ou sympathisants. En France, les 900 salariés se répartissent pour 75 % en cadres (surtout au siège Cœur Défense) et pour 25 % en exécution techniciens agents de maitrise (ETAM) : une population non acquise pour la CGT.

Notre point d’entrée a été les ETAM, dont une grande majorité sont des techniciens de maintenance localisés sur toute la France et sur un centre de décision à Béziers.

En 2013, une seule candidate est élue au CE sous l’étiquette CGT avec une représentativité de l’ordre de 11 %, mais uniquement basée sur le collège ETAM, loin des 65 % de la CFDT et des 24 % de la CFE-CGC. L’appui du syndicat territorial CGT des tours de la Défense, structuré et proche, a été décisif pour réussir cette implantation compliquée. Un travail constant de terrain, à l’écoute des salariés, mené par la DS CGT avec les sympathisants, essentiellement ETAM, puis très minoritairement cadres, a permis à la CGT de présenter dès 2015 une liste de 3 candidats (2 cadres et une ETAM) aux élections du CA de la SA EDF EN. Bilan : 24 % des voix.

En 2017, la CGT alignait déjà 12 candidats dont 5 cadres aux élections CE-DP et obtint 29,9 % aux élections CE-DP avec un nombre d’élus au CE supérieur aux autres syndicats. C’est là encore un travail de terrain auprès des salariés qui a permis de se différencier en se concentrant sur les attentes prioritaires des différentes catégories de salariés, tout en restant fidèles aux valeurs et principes fondamentaux de la CGT.

Avec les élections CSE de 2019, la CGT franchit un cap

La barrière psychologique de s’afficher CGT, si elle existe hélas encore, est désormais franchie par des salariés au profil de managers ou issus de services centraux. La CGT aligne en février 2019 20 candidats dont 13 cadres aux élections CSE.

Les résultats marquent une nouvelle progression de la CGT et de la CFE-CGC avec une nouvelle baisse de la CFDT, trop ouvertement au service de la direction.

Quelques enseignements de réussite à ces élections

Face à l’image caricaturale d’une CGT dans l’opposition systématique et de lutte des classes, la stratégie a été de développer une image attractive et convaincante pour que les salariés s’intéressent au syndicalisme en général et changent leur regard sur la CGT. Plusieurs éléments ont été décisifs pour notre progression.

Une communication adaptée sur la forme : avec des codes rassurants sans rien céder sur les valeurs et les principes de la CGT (charte et couleurs modernes, réseaux sociaux, site web…).

L’écoute des salariés : en priorisant les sujets qui leur tenaient à cœur (égalité femmes/hommes, rémunération, déménagement dans le sud, décompte des heures supplémentaires ETAM remis en cause, télétravail…). Progressivement, nous avons assis notre crédibilité par un travail sérieux et documenté, une information systématique des salariés, une approche participative résumée par notre slogan « C’est vous qui fixez le cap ! ». Ceci a été renforcé par des sondages et surtout par l’obtention de résultats concrets auprès de la direction grâce à la fermeté de nos revendications.

Une approche apolitique et centrée sur les attentes : d’équité, de partage et de respect des personnes dans le milieu professionnel, qui est largement partagée parmi les salariés de toutes sensibilités.

Les relations de la CGT avec les ONG et les associations ont été mises en lumière : car notre public jeune se tourne plus naturellement vers ce type de structure que vers le syndicalisme.
Pour que la CGT soit le syndicat de tous les salariés : nous avons veillé à avoir une approche différenciée et adaptée suivant les populations, mais surtout pas catégorielle, pour ne pas rentrer dans le jeu de la direction qui cherche à opposer et diviser les salariés. C’est ainsi que nous avons défendu toutes les catégories de salariés : ETAM, cadres mais aussi managers intermédiaires et même chefs de service ou directeurs.

L’appui logistique : le conseil, le soutien des camarades du Groupe EDF est un autre élément clef. Nous sommes aujourd’hui représentés au Comité de Groupe France et au Comité d’Entreprise Européen. Ce réseau précieux dans EDF et avec la fédération permet de coordonner les actions et les messages.

L’absence de moyens syndicaux : constitue un handicap, a priori, mais cela nous a amené à avoir une approche plus participative, en impliquant plus les élus, syndiqués et sympathisants. Rajouté à une certaine brutalité de la direction (entretien disciplinaire de la Déléguée Syndicale pendant la campagne, assignation en justice de 32 élus au CSE avant même la première réunion…), cela a été, paradoxalement, des sources de motivation et un facteur de réussite important !