[Options 655 – Mars 2020 – p5]

Être prudent.e, se plier aux consignes, c’est impératif face au virus… mais cela n’empêche pas d’être lucide et de commencer à se poser les bonnes questions.

La France vit désormais au rythme du Coronavirus, après une forte contestation contre la réforme des retraites sans précédent depuis 1968. Et même si elle est momentanément suspendue, la démonstration est faite du danger à remplacer une partie de notre système par répartition par de la capitalisation, totalement mise hors jeu suite à la dégringolade de toutes les bourses mondiales !

Un changement radical des modes de travail

Les dispositions prises par le gouvernement ont conduit à un télétravail de masse. Le risque est grand que, demain, les employeurs s’engouffrent dans cette brèche ouverte notamment pour réduire leurs coûts. Quel impact sur les collectifs de travail, l’équilibre vie privée/vie professionnelle, les espaces de travail… tout ce qui crée l’épanouissement au travail et l’indispensable lien social. Tout cela va-t-il s’accélérer ?

Pourtant, l’impact du télétravail sur nos vies quotidiennes n’est pas anodin. C’est le développement de la « zone grise », des horaires de travail plus longs et atypiques, où l’on ne sait pas trop si l’on travaille ou non. Mais le télétravail de masse ne peut pas se concevoir sans des droits : à la déconnexion, pour éviter les risques psychosociaux, physiques (musculosquelettiques, visuels… liés à une mauvaise ergonomie), des risques amplifiés par l’éloignement, l’isolement et l’affaiblissement des relations interpersonnelles…

L’impact sur l’économie

Les répercussions seront bien plus fortes qu’en 2008, lors de la crise des subprimes, quand la nécessaire « régulation des marchés » avait rapidement laissé place à l’impérieuse nécessité de « rembourser », pour sauver les banques… des centaines de milliards payés par ceux qui ne sont pas « les premiers de cordée ». Outre les déficits et dettes publiques, il faudra repenser notre système économique, les échanges mondiaux, les normes sanitaires… Car si les morts du Coronavirus se comptent par centaines, combien de vies perdues, passées sous silence, du fait de la misère, la famine, la guerre, la pollution. Quel paradoxe de voir en Chine le virus sauver plus de vies par la diminution de la pollution qu’il en aura emportées…

Il est aussi temps de mettre fin à l’absurdité des flux tendus (transports, rejets de CO2), à cette mondialisation « à bas coût » social et environnemental qui méprise la vie humaine…

Au vu de l’énormité des sommes en jeu, fera-t-on table rase de toutes ces dettes, « quoi qu’il en coûte », comme cela a été partiellement fait après la seconde guerre mondiale ?

Merci à nos services publics

Bien mis à mal depuis des années, ils sont heureusement encore bien là. Même E. Macron quitte ses habits de « Président des riches » et redécouvre les vertus du service public. « Aux actes Président… ». Sortir des activités du marché capitaliste, construire un système de santé publique, concentrer des moyens financiers : notre pays l’a fait au sortir de la seconde guerre mondiale avec les nationalisations (électricité, gaz, banques), la Sécurité Sociale, des politiques de crédits…

Si nous sommes « en guerre », faisons tout pour sortir par le haut de cette pandémie et éviter les suivantes. Votre rupture, Monsieur le Président, pourrait consister à rebâtir ce que le libéralisme a démoli…

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