Petits réacteurs nucléaires

Bien qu’on dise « Small is beautiful », attention à la dissémination de matières radioactives…

C’est l’effervescence mondiale autour des petits réacteurs nu­cléaires, les SMR (Small Modular Reactor) : plus de 70 concepts sont en projets. Ce sont des réac­teurs de génération III (comme Flamanville) ou de génération IV à neutrons rapides (comme « feu » Super Phénix). Leur taille va des micro-réacteurs (5 à 15 MW), à des usages industriels (50 à 200 MW) et centrales électriques (200 à 500 MW). L’idée est de passer du militaire (sous-marins, porte-avions) au civil.

Des petits réacteurs complémentaires aux gros

La logique jusqu’à présent, était de grossir pour diminuer les coûts du kW installé et du kWh fourni. En France, cela s’est opéré sur les 57 tranches, de paliers en paliers :
32 tranches 900 MW (sans « feu » Fessenheim), puis 20 tranches 1 300 MW, puis 4 tranches 1450 MW et enfin l’EPR Flamanville 3 de 1 650 MW.
Mais le problème réside dans la maîtrise industrielle lors de la construction de ces gigantesques installations, avec la dérive des coûts et des délais. EDF en a fait les frais sur Flamanville. Et cela continue avec Hinkley Point C en Angleterre, démarré à 18 Md £ et qui à ce jour en est à plus de 30 avec des années de retard… et le chantier est loin d’être terminé !

Une grande part de leur fabrication serait réalisée en usine

Plus compacts, fabriqués en usine, en série, le risque se­rait fortement réduit avec ces petits réacteurs. Ils seraient aussi mieux intégrés dans le paysage, et leur puissance, moindre, les rendrait moins chers à l’unité. Au-delà des fournisseurs d’électricité, les industriels et les collectivités s’y intéressent de près, car ce serait « coup double » que de combiner électricité et chaleur (cogénération, process, désalinisation, H2…).

EDF développe Nuward : un Small Modular Reactor de génération III (2 x 170 MW) Son industrialisation est attendue pour 2035 avec Naval Group, CEA, Technic Atome, Tractebel (Engie).

Ce SMR est plutôt destiné à l’export pour remplacer les centrales thermiques à flamme dans des pays aux réseaux trop limités pour accueillir un gros EPR. Mais la compétition est rude car le plan France 2030 subventionne aussi 8 autres projets de technologies diverses (génération III et IV, graphite gaz).

Mais un réacteur nucléaire n’est pas un produit banal de consommation

Après des années blanches pour le nucléaire, il ne fau­drait pas tomber dans l’excès inverse. Car même si l’éner­gie nucléaire produit peu de CO2 et fait partie intégrante du mix dans le Programme Progressiste de l’Energie de la FNME CGT, il faut se préoccuper de la façon dont ces SMR seront exploités. Quel statut pour les salariés ? C’est déjà mal parti car leur développement, y compris à EDF, se fait hors statut des IEG, dans une filiale. Le financement tous azimuts des start-up par le gouvernement est aussi un problème, alors que le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) a été créé pour cela ! Enfin, l’utilisation par des industriels pose la question de la protection physique.

Cela ouvrirait la porte à une dissémination incontrôlée sur tout le territoire qui remettrait en cause l’acceptation d’un nucléaire, circonscrit jusqu’à présent sur seulement 18 sites nucléaires ! De multiples cibles SMR seraient alors à protéger face aux agressions, qui nécessiteraient des forces de police et de gendarmerie, le contrôle par un haut fonctionnaire de défense… Autant de coûts conséquents à rajouter avec le risque de basculer vers un état policier… Ne jouons donc pas aux apprentis sorciers avec ces petits réacteurs nucléaires, et veillons à ce que le capitalisme dé­ bridé, très en vogue ces dernières décennies, attiré par les doubles profits sur l’électricité et la chaleur, ne nous mène pas à la catastrophe…

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